Un effet boomerang, pas un effet domino
Le Jeune Indépendant # 3856 | 20.01.11 | Alger René Naba, ancien correspondant de guerre dans le tiers-monde, un connaisseur…
Le Jeune Indépendant # 3856 | 20.01.11 | Alger
René Naba, ancien correspondant de guerre dans le tiers-monde, un connaisseur du monde arabe – son prochain ouvrage sera : Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, Premiers ministres, Harmattan février 2011 – nous livre son analyse sur la Tunisie et au-delà, son onde de choc dans le monde arabe.
Le Jeune Indépendant : Ces immolations, fait nouveau dans le monde arabe, malgré l’interdit religieux qui paraît ne pas fonctionner, c’est quand même haram ?
René Naba : Certainement haram ! Et douloureux. Il y a beaucoup de choses haram dans le monde arabe qui sont transgressées : la corruption, l’arbitraire, l’autoritarisme, le terrorisme d’Etat, l’incompétence, le népotisme… Haram pour haram, l’immolation est une forme de protestation non pas bureaucratique, mais dans la propre chair du protestataire, au prix de sa vie. Mohamed Bouaâzizi, l’étincelle déclenchante du soulèvement en Tunisie, a fait des siennes. Il a incorporé la dernière stance de l’hymne national de son pays : Namoutou fayahya lwatan. Ce n’est pas le premier dans le monde arabe. Ceux qui vivent la mémoire collective arabe se souviennent parfaitement d’Ahmad Djaâfar Kassim, le premier en novembre 1982 qui a implosé savie contre le quartier général israélien à Tyr, au Sud-Liban, entraînant dans sa mort 40 Israéliens et près de 150 blessés. A un degré moindre, au péril de sa vie, Montadar Al Zaydi a bravé la première puissance planétaire de tous les temps avec une vieille savate. Le monde arabe leur est redevable de sa dignité.
Ce phénomène a un effet, comme disent les Occidentaux, domino. Malheureusement, il touche l’Algérie. Aujourd’hui, on en est à la 7e victime. En tant qu’ami de l’Algérie, quel est votre regard ?
Il est impropre de parler d’effet domino. Il est malsain de copierpassivement les analyses occidentales. En ce qui concerne l’Algérie, c’est en tant qu’ami de l’Algérie et de son histoire que j’interviens. Sans complaisance, mais en toute loyauté et fraternité. Le président Bouteflika, que j’avais connu autrefois personnellement plus audacieux et dynamique, doit sortir de son immobilisme, de crainte que son passé glorieux, de même que le passé glorieux de l’Algérie, tourne au passif. Il importe de mettre en adéquation les deux richesses de l’Algérie […], la rente pétrolière et la jeunesse algérienne. C’est-à-dire d’être en phase avec les aspirations profondes de ce qui constitue l’avenir de l’Algérie. L’Arabie saoudite et le Koweït ne s’y sont pas trompés. Le roi d’Arabie a débloqué, dans la foulée des événements, 700 milliards de dollars pour satisfaire son marché intérieur, le Koweït 400 milliards. Quiconque connaît l’Algérie sait que 200 à 300 milliards de dollars ne paraissent pas excessifs pour moderniser les infrastructures en piteux état et décongestionner Alger.
Effet domino ou effet boomerang ?
C’est un effet de contagion. Une commune situation de souffrance et de privation engendre une réplique similaire.
Il s’agit non pas d’un effet domino mais d’un effet boomerang. La défaite arabe de 1967 a provoqué la chute de la monarchie libyenne, la perte de la base américaine de Wheelus et la base anglaise de Ben Ghazi, entraînant la perte de la façade occidentale de la Méditerranée au bénéfice du camp arabe. Elle s’est prolongée par le coup d’Etat du Soudan et par celui de l’Irak.
Le traité de paix israélo-égyptien de mars 1979 a été compensé par la chute de la dynastie des Pahlévi.
L’invasion américaine de l’Irak avec l’éviction d’un pouvoir sunnite dans l’ancienne capitale des Abbassides a provoqué un séisme dupliqué par l’élimination du chef du clan saoudo-américain au Liban, Rafic Hariri, le démembrement du Soudan, la chute du rempart de l’intégrisme de l’Afrique du Nord. Moubarak en Egypte et Saad Hariri au Liban doivent bien méditer les événements de Tunis et réfléchir aux conséquences de leur acte. La servilité à l’égard de l’Amérique ne constitue en aucune manière un gage absolu de pérennité. Que Moubarak garde en mémoire les précédents de Sadate et Saad celui de son père et avec les amis occidentaux, méditer sur le sort de Benazir Bhutto au Pakistan, de Chah Massoud en Afghanistan, etc.
Entretien réalisé à Paris par Samir Méhalla
Comments
bonjour M Naba, autant il existe de nombreux episodes du passe glorieux de l algerie je vous le concede tres volontier mais parler du passe glorieux de bouteflika est,selon moi,une insulte aux algeriens,notamment aux nombreux cadres, ou autres »cervaux »qui on du fuir le pays car ils en savaient trop sur ce bonhomme et ses comptes.d un point de vue strictement personnel je trouve que connaitre des hommes de l acabit de bouteflika n aide en rien,malgre toute les cuvees du president…
merci encore
Bonjour Monsieur.
Je parle en connaissance de cause, L’Algérie,du temps du tandem Boumediene Bouteflika, initia une diplomatie audacieuse tout au long d’une décennie prodigieuse tant pour le Monde arabe que pour l’ensemble du tiers monde.Beaucoup lui en savent gré encore. Demandez cela aux Palestiniens et aux peuples africains.
Aucun élément courtisan dans mes propos. Suis toutefois étonné du décalage qui existe entre sa posture de l’époque et son comportement actuel.
bonjour M Naba,
Soit, bouteflika a joue un bon role dans l algerie »diplomatique » du temps ou » alger etait la mecque des revolutionnaires »; mais c etait une certaine epoque glorieuse qui j estime ne suffit pas a faire de lui un grand dirigeant tant il a decu par la suite.
appreciant vos ecrits jamais courtisans et respectant votre experience,je vous avoue que lire de vous du bien d’un tel president m a quelque peut gene…a tort peut etre.
Bonjour Monsieur René
ils sont unanimes (les dirigents occidentants) que Monsieur bouteflika il a une acquité célébrale de haut niveau ,si tous les pays arabes ont eu la chance d’avoir un président comme le nôtre , je peux dire les arabes seront plus qu’une puissance ,mais le probleme en Algérie c’est que ya un décalage entre le président et son sataff ,l’élite et le peuple . . .
oui,,boutef est un bon president, il fait ce qu’il peut, n’est pas libre de ses mouvements, il navigue aux gré des uns et des autres(wa fhem ya lfahem) mais le probleme c’est les presidents d’apc , nos élus,c’est des nuls ,d’ailleurs ,la majorité sont en prisons,,ils ne méritent meme pas d’etres des…..et l’adminisrtration en général, ils gerent les affaires d’une facon anarchiques,,la corruption, et l’incompetence des uns a aider a ce constat mais n’empeche que je suis pour le changement du régime,tout le regime(politicomilitaire)il etait temps, il faut un sang et un air nouveaux.
bonsoir,
apres les « manifestants » pro bouteflika,nous avons les » internautes » pro bouteflika;troll virtuel ou troll physique meme combat.
loudiv
Je trouve que les arabes sont trop souvent nostalgiques… de l apogee de l islam et voila qu ils le sont aussi du couple Boumedienne Bouteflika , de l epoque glorieuse ou alger etait la mecque des revolutionnaires … Il faut savoir raison gader, cette epoque ou l argent des Algeriens etaient depense pour diverses causes dans le monde par Boumedienne et son ami Bouteflika doit faire l objet d analyses serieuses et realistes … en fait rien de nouveau sous le soleil, avec l argent du petrole, ne fallait il pas faire mieux et bien pour les generations futures…
Or, nous sommes toujours a croire qu une operation de communication menee tambour battant et coutant rubis sur ongle, est ce qu il y a de mieux a faire pour les algeriens … c est tout ce que reussissent a faire ces anciens dirigeants algeriens.
Construire un pays a coup de com et defendre des idees de l epoque des 30 glorieuses n est ce pas tout ce qui reste du couple flamboyant des annees 60 et 70?
Bonjour ,
je suis fiére d’être Algérien et avoir un président comme le nôtre , je uis un fan , je le suis depuis 1999 il fait des promesses aux Algériens , et il les a éxorcés ,pas toutes mais la plus parts; c’est un homme qui s’est sacrifier pour sa patrie , ses enfants son les sont les enfants des ALgériens , il nous a promit d’endiguer le térrorisme, et il à fait, certes il restes quelques groupescules , mais ils sont plutôt des bandits; même les USA recommande l’Algérie, comme meilleurs pays expert en matiére ,On NE subit plus les dictas des FMI , on est libre avec des caisses pleines ou les grands puissances sont endétes jusqu’aux Os ; (la France -1500 Md, etc, l’ Algérie + 145 md), des chantiers faraoniques,maintenant les experts qualifie que l’Algérie d’aujourd’hui et ses indicateurs macroéconomique sont semblablables à la chine ya 25 ans , l’Algérie mise sur l’économie des micro entreprises , voilà des preuves reéls de la bonne gouvernance du sage Monsieur Bouteflika .
le grand probleme de l’Algérie, ce n’est pas le sommet mais la base de la pyramide du pouvoir,.l’administration est pourrie et gangrener, ses parasites creent l’anarchie et le désordre pour imposer la corruption aux citoyens,le phénomene a tellement pris de l’ampleur,que face à ce constat , le citoyen est débousselé et impuissant.