Thursday, November 21, 2024
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Palestine: Le recentrage du Hamas, un exercice de grand écart idéologique et stratégique

Ismail Haniyeh a été élu samedi 6 Mai 2017 chef du bureau politique du Hamas par vidéo conférence, vainqueur d’une…

Par : René Naba - dans : Actualités International Moyen-Orient Palestine Politique - le 12 mai 2017 Étiquettes :

Ismail Haniyeh a été élu samedi 6 Mai 2017 chef du bureau politique du Hamas par vidéo conférence, vainqueur d’une consultation qui l’a opposé à deux concurrents, Mohamad Abou Marzouk et Mohamad Nazzal.

La vidéo conférence s’est tenue entre Doha, lieu d’exil de son prédécesseur Khaled Mecha’al, et Gaza, où se trouvent la majorité des cadres militaires du mouvement.

Natif du camp d’Al Chatt, à l’Ouest de la bande de Gaza, en 1963, Ismail Haniyeh est titulaire d’un baccalauréat en langue arabe de l’Université islamique de Gaza, où il a fait preuve de son militantisme en présidant la section étudiante de la confrérie des Frères musulmans au sein de cet établissement.

Condamné à trois reprises à des peines de prison de la part des autorités d’occupation israélienne, en 1987 (18 jours de prison), en 1998 (6 mois de prison) et en 1989 (trois ans de prison), Ismail Haniyeh sera expulsé vers le Sud Liban en compagnie de dix autres dirigeants du Hamas, en 1992, l’année de la signature des accords d’Oslo entre Israël et l’OLP.

Un accord conclut directement sans intermédiaires dont il contestera violemment la ligne politique pendant 25 ans avant que son mouvement n’opère un infléchissement considérable de son programme politique pour se conformer à celui de la centrale palestinienne.

«Celui dont le nom patronymique «Khaled Mecha’al- Eternel flambeau» le prédestinait à être le flambeau guidant son peuple vers l’indépendance, s’est révélé être, au terme d’un parcours erratique, un phare déréglé, projetant son peuple sinon vers l’abîme à tout le moins vers l’impasse».

1 – La déclaration du 1 er mai 2017 et l’élection d’Ismail Haniyeh à la tête du Hamas (1).

Le Hamas a procédé en 2017 à son recentrage infléchissant sa ligne maximaliste tout en propulsant un militaire à la tête de son fief de Gaza, dans un mouvement visant à rompre son isolement, qui apparaît néanmoins à bon nombre d’observateurs comme un exercice de grand écart idéologique et stratégique de l’ultime mouvement palestinien de lutte armée de confession sunnite.

Au prix d’un quadruple reniement, -de son combat, de son idéologie, de la solidarité combattante avec ses anciens compagnons de lutte et de son organisation mère la Confrérie des Frères Musulmans-, le Hamas tente apparemment de concilier deux objectifs inconciliables: Renouer avec ses anciens frères d’armes, l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, d’une part, obtenir sa reconnaissance auprès du camp atlantiste, d’autre part.

Ismail Haniyeh, ancien chef du gouvernement palestinien à Gaza, a en effet été élu à la tête du mouvement, alors que son mouvement vient d’annoncer le 1 er Mai 2017 un infléchissement de sa ligne maximaliste, modifiant son programme politique pour admettre, pour la première fois de son histoire, un État palestinien limité aux frontières de 1967 et non sur la totalité de la Palestine du mandat britannique.

Insistant sur le caractère politique et non religieux du conflit avec Israël, le document qui s’ajoute à la charte originelle de 1988, affirme que le Hamas est « en conflit avec le projet sioniste et non avec les juifs en raison de leur religion ».

Le Hamas est considéré comme « terroriste » par les États-Unis, l’Union européenne et Israël et nombre de ses dirigeants sont visés par des sanctions.
Le Hamas a procédé à ces changements en vue de mettre un terme à son isolement résultant de son alignement sectaire sur les pétromonarchies sunnites à l’occasion de la Guerre de Syrie. Ce faisant, il espère lever ainsi l’ostracisme de l’Union Européenne et des États Unis qui le frappe depuis sa prise de contrôle de Gaza, il y a dix ans.
Toutefois l’abandon de la ligne maximaliste a été faite depuis Doha, la capitale d’un pays qui abrite la plus importante base américaine du tiers monde dont la zone de compétence s’étend du Marocà l’Afghanistan, de surcroît sous le parrainage de la Turquie, l’allié stratégique d’Israël dans la zone.
Ainsi donc, au terme de trente ans de rivalité avec l’OLP, le mouvement islamiste palestinien consent en fin de compte à s’aligner sur les positions de la centrale palestinienne et de se démarquer de la Confrérie des Frères Musulmans, sa mère nourricière depuis sa naissance.

Pour justifier son évolution, le Hamas a invoqué le même argument que l’OLP: Rompre l’isolement. Sauf qu’un tel motif a conduit la centrale a proclamé en 1988 un État Palestinien virtuel, avant de signer avec Israël les accords de paix d’Oslo, quatre ans plus tard, en 1992, scellant sa renonciation à la lutte armée, déblayant ainsi la voie à une annexion rampante de la Palestine, particulièrement de Jérusalem.

Le Hamas feint d’ignorer que le camp atlantiste, le principal soutien d’Israël, ne concède rien sans de substantielles contreparties, et avec parcimonie, en fonction des rapports de force sur le terrain.

2 – Un recentrage sous la vigilance de Yahya Sanwar, chef de la branche militaire du Hamas.

Soucieux sans doute de prévenir une évolution conforme à celle de l’OLP, -une coquille sans vie, un leadership sans relief vivotant à Ramallah sous la coupe de l’«usurpateur de la Palestine»-, le Hamas a accompagné sa renonciation à sa ligne maximaliste par la nomination à la tête de l’enclave de Gaza, d’un dirigeant de la branche militaire du Hamas, responsable au premier chef du combat anti-israélien.

La substitution d’Ismail Haniyeh à son ancien mentor Khaled Mécha’al a, en effet, été précédée par l’élection de Yahya Sanwar à la tête de l’enclave de Gaza dans une opération destinée à verrouiller le processus décisionnaire au sein du Hamas.

La propulsion de ce militaire confirmé et rompu à la guerre contre Israël a répondu au souci de la branche militaire du Hamas de reprendre en main le mouvement palestinien dans la perspective d’un enterrement en grande pompe de la solution à deux états en Palestine par le tandem xénophobe Donald Trump et Benyamin Netanyahu et sa substitution par un «état croupion», pour solde de tout compte d’un conflit centenaire.

La présence de cet ancien prisonnier de guerre palestinien à la tête de l’enclave, dont Hamas a le contrôle depuis 2007, s’est faite à la faveur d’élections clandestines dégageant une majorité confortable en sa faveur, signe indiscutable d’une profonde adhésion des cadres du mouvement au projet de recentrage, en même temps qu’un aveu indirect des errements passés.

Fondateur de la branche militaire du Hamas, particulièrement des «Brigades Ezzedine al Qassam» et chef de la force d’intervention «Majd», Yahya Sanwar compte aussi à son actif la restauration de l’ordre à Gaza, en proie à l’insécurité. Il sera secondé par Khalil Alfeet, vice président de l’enclave.

Originaire du camp de réfugiés de Khan Younès, Yahya Sanwar a vécu dans la bourgade de Majd Yahya. Il passe pour avoir ordonné la liquidation de 12 agents palestiniens à la solde d’Israël et a purgé 23 ans de détention dans les geôles des autorités d’occupation israéliennes, avant de retrouver la liberté lors de la transaction visant à la libération de Gilad Shalit, le caporal de l’armée israélienne capturé à Gaza par le Hamas.

3- La mission prioritaire de Yahya Sanwar, le rétablissement des relations stratégiques avec l’Iran et le Hezbollah.

Bénéficiant d’un grand respect auprès des cadres militaires palestiniens et de nombreuses personnalités palestinienne, Yahya Sanwar a succédé à Ismail Haniyeh, l’ancien premier ministre palestinien, en vue d’une sérieuse reprise en main du mouvement palestinien tant sur le plan idéologique que stratégique.

Sa mission prioritaire sera de renouer avec ses anciens compagnons de lutte, l’Iran et le Hezbollah, en une démarche qui apparaît comme un coup d’arrêt à une dérive sectaire de l’unique mouvement de libération national du Monde arabe de sensibilité sunnite; une séquence calamiteuse pour le combat palestinien.

La défection du Hamas avait entraîné son déclassement dans l’échelle des priorités de l’Iran, qui avait privilégié le «Jihad Islamique», son rival sur le double plan islamique et palestinien, de même que «Les Brigades Abou Ali Moustapha», la branche militaire de l’organisation laïque FPLP (Front Populaire Pour la Libération de la Palestine).

L’Opposition du Jihad Islamique

Le Jihad Islamique, l’organisation palestinienne rivale sur le plan islamique Gaza, a proclamé son opposition au nouveau programme politique du Hamas, faisant valoir l’impasse dans laquelle se trouve l’OLP du fait des infléchissements successifs de ses revendications.

«L’acceptation de frontières de 1967 constitue une atteinte grave aux fondamentaux du combat palestinien d’autant plus inopportune que les guerres de Syrie et du Yémen ont relégué au second plan de l’actualité l’affaire palestinienne», a déclaré son porte parole.

Revers stratégique pour le Hamas, l’opposition du Jihad islamique pourrait mettre à mal la coopération instaurée depuis vingt ans à Gaza entre les deux formations militaires islamistes palestiniennes. Le ralliement du Hamas à une solution des deux états propulse le Jihad Islamique au rang d’unique formation palestinienne de lutte armée a réclamer la libération de la totalité de la Palestine.

A en juger par la série d’autocritiques qui ont précédé cette mutation, le Hamas paraît soucieux en effet de rompre son isolement vis a vis de son principal ravitailleur en armes et en expertise, l’Iran chiite et son allié libanais. Le président syrien Bachar Al-Assad s’est montré réservé à une normalisation à ce stade avec le Hamas, considérant la défection de son ancien obligé, Khaled Mecha’al, comme un «coup de poignard dans le dos», selon son expression.

4 – Le recentrage du Hamas, un cinglant désaveu de Khaled Mecha’al, la sanction d’un parcours erratique.

Le nouveau dirigeant politique de la branche palestinienne de la confrérie des Frères Musulmans devra, ainsi, sans délai, mettre un terme à l’alignement inconditionnel du Hamas sur les pétromonarchies du golfe dans la guerre de Syrie et tourner définitivement la page de son prédécesseur Khaled Mecha’al.

Le remplacement de Khaled Mecha’al devrait se doubler d’une prise de distance progressive à l’égard de l’organisation mère de la confrérie, -la branche égyptienne des Frères Musulmans-, dans un geste de bonne volonté à l’égard de l’Égypte en vue de favoriser la levée du blocus de Gaza.

4 – Le choix de Doha, une tâche indélébile dans le parcours du Hamas

Khaled Mecha’al a donc été finalement déchargé de ses responsabilités à la tête du Hamas, terme ultime d’une séquence calamiteuse; un dégagement intervenu dans la foulée d’une confession publique de ses «erreurs» s’apparentant à une capitulation idéologique en rase campagne de la branche palestinienne de la Confrérie des Frères Musulmans.

Son évacuation en douceur par la voie administrative a été motivée par le fait que le chef du bureau politique du Hamas ne pouvait postuler à un quatrième mandat. Un procédé identique à celui emprunté pour le dégagement de son commanditaire, l’Émir du Qatar, en 2013; un subterfuge qui n’aura échappé à personne, sauf à ceux qui veulent bien le croire. Exit donc Khaled Mecha’al pour solde de tout compte d’une séquence corrosive pour le combat national palestinien.

Contrairement à Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, demeuré aux commandes sur le théâtre des opérations, au Liban face à Israël, en Syrie, face aux djihadistes, de surcroît traqué par les Services de renseignements d’Israël, de la quasi totalité des pays de l’Otan et de la totalité des pétromonarchies du Golfe, le leadership sunnite des pays du champ de bataille a, en contrechamps, déserté, lui, le combat: Khaled Mecha’al à Doha, Saad Hariri, l’ancien premier ministre et chef du bloc majoritaire au parlement libanais à Ryad, à Ahmad Al Assir, la dague salafiste du Qatar sur le flanc du Hezbollah, intercepté à l’aéroport de Beyrouth en fuite vers le Nigeria. Et cela fait tâche.

Son retour en Palestine, à Gaza, pour y accueillir son bienfaiteur, en décembre 2012, qui devait constituer son apothéose, a servi de prétexte à Israël pour se livrer à une nouvelle expédition punitive, un mois après cette visite pourtant qualifiée d’«historique» par la presse atlantiste et célébrée par les intellectuels organiques français et leurs affidés qatarologues comme «le triomphe du soft power» de la principauté pétrolière.

Une gesticulation diplomatique et médiatique qui a pris la dimension d’un effroyable gâchis, accentuant la précarité et le dénuement de la population de l’enclave..

En quinze ans de pouvoir, le dauphin désigné par le fondateur du Hamas, Cheikh Ahmad Yassine, aura placé le mouvement islamiste, dans un invraisemblable retournement d’alliance, en porte à faux avec ses alliés naturels, ses partenaires de l’axe de résistance à l’hégémonie israélo-américaine (Iran- Syrie- Hezbollah libanais).

Bénéficiant de l’hospitalité de la Syrie, depuis sa tentative d’empoisonnement par les Israéliens à Amman en 1996, de l’encadrement du Hezbollah et du soutien logistique de l’Iran, Khaled Mecha’al a rallié le camp islamo-atlantiste à la faveur du «printemps arabe», se plaçant dans le sillage du Qatar, un des marche-pieds des États Unis dans le golfe et ravitailleur énergétique de l’empire atlantiste. Dans le sillage aussi de la Turquie, unique pays musulman membre de l’Otan, de surcroît partenaire stratégique d’Israël, l’adversaire le plus résolu aux aspirations du Monde arabe, particulièrement du peuple palestinien.

Cas unique dans les annales des guerres de libération nationale que cette aberration mentale qui a équivalu, dans l‘ordre symbolique, à se placer sous la coupe de son bourreau, équivalant à l’implantation du QG du FLN algérien à proximité de Taverny, le PC de la force stratégique aérienne française, ou du Viêt-Cong vietnamien à Pearl Harbour, la plus importante base américaine de la zone Asie-Pacifique, ou encore les «barbudos» cubains à Guantanamo.
Un virage par solidarité islamique ou par sectarisme sunnite? Par nécessité stratégique ou corporatisme opportuniste ?

5 – La capitulation idéologique en rase campagne de Khaled Mecha’al.

Prenant prétexte d’un colloque organisé par le Centre des Études de la chaîne du Qatar «Al Jazira», samedi 24 septembre 2016, s’est livré à une confession publique sur «les erreurs» du Hamas durant la séquence du «printemps arabe».

1 e erreur: «Hamas a commis une erreur en monopolisant le pouvoir à Gaza après sa rupture avec le Fatah, dans la foulée de sa victoire électorale en 2006.

2 me erreur: «Nous avons commis l’erreur de penser que l’ère du Fatah, (la matrice des formations de la guérilla palestinienne) était révolue et que l’ère du Hamas débutait. Sur la base de cette fausse estimation, nous avons commis l’erreur de chercher à les évincer.

3 me erreur: «Le mouvement islamique a commis l’erreur de surestimer son importance dans la séquence dite du «printemps arabe», faisant preuve d’un manque d’expérience en ce domaine, d’un manque d’informations précises, ce qui a provoqué une perturbation dans nos rapports avec nos partenaires».

4 me erreur: Réaffirmation du principe de la non ingérence dans les conflits qui agitent la région. «Nous nous rangeons du côté des peuples, en faveur de la stabilité de la nation, en prenant en considération nos intérêts et les impératifs de notre combat en tant que Mouvement de Libération Nationale et de Mouvement de Résistance. En cas de conflits d’intérêt, nous devons nous ranger du côté de nos principes».

En 2012, à l’expiration de son 2eme mandat, le chef politique de la branche palestinienne de la confrérie des Frères Musulmans a avoué à Abdel Bari Atwane, directeur du journal en ligne «Ar Rai Al Yom», lors d’un entretien en Turquie, qu’il ne «souhaitait pas briguer un 3eme mandat, mais qu’il a dû postuler à la demande pressante du Mohamad Morsi, à l’époque président néo-islamiste Égypte, du président turc Reccep Tayeb Erdogan et de Youssef Qaradawi, le milliardaire mufti de l’Otan basé à Qatar.

L’influent journaliste arabe d’origine palestinienne révèle cet épisode dans son compte rendu de la confession su ce lien.

Commentant la confession télévisée de l’exilé de Doha, Abdel Bari Atwane a jugé qu’elle pêchait pas certaines omissions, énumérant ses principaux griefs à l’encontre du mouvement palestinien:

1er grief: «Hamas a non seulement cherché à monopoliser le pouvoir à Gaza et ne s’est pas contenté d’évincer le Fatah mais également la plupart des autres formations palestiniennes , qui constituent la majorité du peuple palestinien.

2eme grief: Hamas a cherché à traiter uniquement avec les formations islamistes, un comportement d’un grand sectarisme: «Au plus fort de l’euphorie dans leur phase ascendante du «printemps arabe», les islamistes avaient veillé à éliminer toute discordance au sein de l’opinion, ne tolérant la moindre critique. Il est judicieux que «Mecha’al ait demandé à ses partisans islamistes de respecter les critiques formulées à l’égard du Hamas».

3eme grief: La plus grande erreur a résidé dans le comportement du Hamas de ne pas admettre le principe du «partenariat» dans la gestion des affaires publiques. Ce comportement est aberrant et «non les erreurs d’appréciation, le manque d’expérience et d’informations précises», a souligné M. Atwane.

4eme grief: «Le fait d’émettre des fatwas frappant d’apostasie des dirigeants arabes, dans le but de servir les menées militaires étrangères contre les pays arabes, ou de décréter le +Jihad+ en Syrie».

5eme grief: «FERMER L’ AMBASSADE DE SYRIE AU CAIRE, TOUT EN MAINTENANT OUVERTE L’AMBASSADE ISRAÉLIENNE», sous la mandature Morsi.

«Khaled Mécha’al aurait fait preuve de courage en mentionnant ces graves erreurs, tout en omettant pas de rappeler la provenance de son arsenal, certainement pas des pays auxquels il s’est rallié (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie), en gardant surtout présent à l’esprit le fait que la CAUSE PALESTINIENNE DOIT SE PLACER AU DESSUS DES DIVISIONS INTERNES ET DES DISSENSIONS CONFESSIONNELLES CAR LA CAUSE PALESTINIENNE EST, EN PREMIER LIEU, LA CAUSE DES ARABES, DES MUSULMANS, ENFIN UNE CAUSE INTERNATIONALE.

6- L’auto-critique explicite d’un dirigeant du Hamas, la branche palestinienne des Frères Musulmans.

Anticipant ce dégagement, Ahmad Youssef, ancien conseiller politique d’Ismail Haniyeh, a pointé sans ambages les erreurs du Hamas, spécifiant les erreurs que l’exilé de Doha a omis de mentionner:

«Le Hamas a considéré que l’heure des Frères Musulmans avait sonné avec la conquête du pouvoir dans plusieurs pays arabes au début du printemps arabe et qu’il importait en conséquence de s’adapter au nouveau contexte de manière à se conformer à la nouvelle carte géopolitique de la zone», a-t-il déclaré.

«Les islamistes en Égypte et en Palestine n’ont pas fait preuve de lucidité politique» lors de leur accession au pouvoir, a-t-il ajouté lors de son interview au quotidien libanais «Al Akhbar», en date du 9 juin 2016, soit quinze jours après la proposition du tunisien Rached Ghannouchi de séparer le politique du religieux.

Voici les passages importants de cette interview dont le texte intégral pour le lecteur arabophone est sur ce lien http://www.al-akhbar.com/node/259389

-«Le dossier syrien a été le plus difficile à gérer car cette affaire s’est répercutée sur nos relations avec l’Iran et le Hezbollah, avec lesquels nous sommes liés par des liens historiques de solidarité. Hamas a pâti dans cette affaire; Ce fut une véritable perte pour Hamas».

-«Avec l’éviction de Mohamad Morsi, nous avons perdu l’Égypte. Mais nous devons néanmoins préserver nos relations avec ce pays, dont nous n’oublions pas sa contribution au combat pour la Palestine, notamment le lourd tribut payé par Nasser en ce domaine. «La Palestine est la question centrale du combat de la Oumma et nous nous devons de maintenir une égale distance dans nos rapports avec les capitales arabes et islamiques.

-«L’incapacité du Hamas à se concilier les autres forces, de même que le blocus dont il a fait l’objet tant de la part des Israéliens que des autres états, ont quasiment paralysé sa capacité à gouverner.

7- Le boulet de la défection du prince vert

Au delà de la bévue stratégique de Doha, le Hamas traîne comme un boulet la défection de Moss’ab Hassan Youssef, un des fils du fondateur du Hamas.

L’une des plus célèbres taupes israéliennes, l’homme, son forfait accompli, s’est réfugié en Californie, se convertissant au catholicisme après avoir subi une opération de chirurgie esthétique pour le rendre méconnaissable.

Les informations que Mossa’b Youssef a livrées aux Israéliens ont conduit aux arrestations d’Ibrahim Hamid, un chef militaire du Hamas en Cisjordanie et de Marwan Barghouti, la figure emblématique du Fatah en Cisjordanie. Il était surnommé par ses agents traitants le «prince vert», vert comme la couleur de l’islam. Et prince parce qu’il devait leur rappeler le «prince rouge»: Ali Hassan Salameh, l’homme des premiers contacts entre l’OLP de Yasser Arafat et la CIA que le Mossad assassina à Beyrouth dans la décennie 1980.

N’était-ce la corruption du camp rival et l’impéritie de son chef Mahmoud Abbas, brasseur d’air par excellence, le Hamas aurait été plongé dans une disgrâce durable. Son débaucheur, l’ancien Émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa, le perturbateur en chef du Moyen-Orient, a, lui, depuis belle lurette sombré dans l’oubli, zappé par son mentor américain.

8- Khaled Mecha‘al du Hamas en body building à Doha

Au Qatar, dans cet émirat mirage, le paradis de Khaled Mecha’al est devenu un enfer. Le chef politique de l’unique mouvement de libération nationale sunnite du Monde arabe s’est morfondu à Doha dans sa luxueuse résidence, devenue au fil du temps une résidence surveillée.
Interdit de parole publique, dont les déplacements étaient strictement limités au prétexte de sa sécurité.
Oisif, alors que la zone est carbonisée par une guerre régionale d’une rare violence qui scellera le sort de la Palestine, il meublait son temps à faire de la gymnastique pour se maintenir en forme ou ne pas sombrer dans la déprime.

9 – Les impératifs de combat d’un mouvement de libération nationale.

Quitter le pays qui lui a offert l’hospitalité et se tenir à l’écart d’un conflit fratricide est un acte respectable en soi.
Rallier les ennemis d’un pays dont on a été hôte pendant seize ans et contribuer indirectement à sa destruction et affaiblir du coup le camp de ses «Frères d’armes»…Quel cauchemar interminable pour l’exilé de Doha. Quelle longue nuit noire de remords. Un point noir indélébile sur son parcours jusqu’à présent sans faute.

Un mouvement de libération nationale qui renonce de facto à libérer son pays occupé pour privilégier un alignement sectaire, non sur sa religion, mais sur une école de pensée religieuse, cesse ipso facto d’être un mouvement de libération.

Le choix de Doha bien que collectif a été, en dernier ressort, un choix personnel. Il demeurera, quoiqu’il en soit, demeurera comme une tâche indélébile dans le parcours du Hamas. Il posera de façon permanente, de manière sous-jacente, la question de sa fiabilité et de la viabilité de ses engagements.
Celui qui se rêvait en destin de Libertador s’est révélé un fossoyeur de la cause palestinienne. Celui dont le nom patronymique «Khaled Mecha’al- Eternel flambeau» le prédestinait à être le flambeau guidant son peuple vers l’indépendance, s’est révélé être, au terme d’un parcours erratique, un phare déréglé, projetant son peuple sinon vers l’abîme à tout le moins vers l’impasse.

La démission de Khaled Mecha’al est donc une mesure de salubrité publique, conforme à l’éthique du commandement. La sanction d’un échec personnel.
Une décision qui s’imposait impérativement à l’honneur de l’homme, à la dignité de sa fonction, au prestige de son mouvement et à la crédibilité de son combat.

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