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Paix à l’âme de proche-orient.info

Chronique d’une 2ème mort annoncée Un an………..pas plus : proche-orient.info n’aura pas tenu plus d’un an. Généralement perçu comme un…

Par : René Naba - dans : Média - le 30 septembre 2006

Chronique d’une 2ème mort annoncée

Un an………..pas plus : proche-orient.info n’aura pas tenu plus d’un an.

Généralement perçu comme un des relais de la poltique israélienne, notamment de l’organe souterrain des services israéliens MEMRI, dont il répercutait et amplifiait les thèses auprès des organes français de décision, proche-orient.info rend l’âme, un an après son deuxième lancement à grand fracas. Paix à son âme.
Le trio perdant : Elisabeth Schemla, Nicole Leibowicz et Jean-Yves Camus

POI rend l’âme malgré les éminents services qu’il a rendus à la désinformation publique, malgré la collaboration cupide de plumes arabes pour suggérer un oecuménisme politique, malgré une importante campagne de souscription soutenue et encouragée par l’ambassade d’Israël, contraire à tous les usages diplomatiques, malgré la mobilisation communautariste et l’implication personnelle et financière de la nouvelle étoile montante du judaïsme institutionnel français, Pierre Besnaïnou, l’ami du Tunisien Ben Ali, malgré le parrainage des nouveaux maîtres penseurs du nouvel ordre international américain et de l’axe israélo-américain: Alain Finkielkraut, Élie Wiesel, André Glucksmann, Pierre-André Taguieff, Michel Wieviorka, Corinne Lepage, Frédéric Encel, Antoine Sfeir, Mireille Hadas-Lebel, François Zimeray, Alexandre Adler, Malik Aït Aoudia et Guillaume Dasquié).

A moins que, tel un miraculé, il ne ressuscite après quelques mois de léthargie…….destinée, comme ce fut le cas lors de sa première éclipse, à le soustraire aux pénalités financières que ses affirmations outrancières lui avaient valu.

Fondé en 2002, proche-orient info n’en est pas à sa première éclipse. Il avait connu un passage à vide en 2004-2005 avant de réapparaître un an plus tard sous forme d’un site commercial avec accès payant. Ne nous réjouissons donc pas si vite de son naufrage. Tel Lazare, miraculé de la dernière heure, il peut se remettre à marcher, guéri de sa paralysie temporaire pour les besoins de sa cause première:

Clin d’œil du destin? L’annonce nécrologique à la tonalité lacrymale de son sabordage est intervenue le jour même où depuis Beyrouth, la bête noire de proche-orient.info, le chef du Hezbollah Libanais, Cheikh Hassan Nasrallah, auréolé de son nouveau et immense prestige, célébrait sa victoire sur Israël par un imposant défilé de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Le faire-part est laconique. A la mesure de la consternation qui a frappé les animateurs du site:

« Ultimes mots pour POI
Nous ne voulons pas d’une fin qui s’éternise, laissant un goût amère, un sentiment d’insatisfaction au moment où tant d’entre vous allez fêter Rosh Hashana et Kippour.
Nous vous proposons donc de mettre un point dernier à l’aventure de Proche-orient.info dès vendredi 22 septembre.

Ce jour-là, nous cesserons de paraître. Ultimes mots….
Elisabeth Schemla et Nicole Leibowitz, ce jour-là aussi, publieront un texte commun, une sorte de testament journalistique et politique.
PS. L’ensemble des 50 000 articles de POI restera disponible en ligne pour les abonnés jusqu’au 31 décembre 2006 »

POI a connu la notoriété médiatique avec l’annonce de la mort anticipée du président palestinien Yasser Arafat.

Sa dernière tentative visait la fermeture de la chaîne culturelle saoudienne « Iqra » (Lire) au prétexte d’antisémitisme, une accusation devenue au fil des ans l’arme de destruction massive utilisée par les milieux pro-israéliens pour dissuader toute critique à l’égard de la politique israélienne. Tentative vaine car elle manquait de consistance et le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), dûment averti de ses manœuvres, n’a pas donné suite à sa requête.

Les êtres épris de liberté et de justice ont vécu comme une douleur la collaboration de certaines plumes arabes à cette entreprise, tels les sempiternels « miliciens intellectuels » de la vie médiatique française, Antoine Basbous, ancien collaborateur du journal phalangiste libanais A’mal (Action) (milice chrétienne), autoproclamé «Directeur de l’Observatoire des pays arabes» et, Antoine Sfeir, propagateur des thèses du président tunisien Ben Ali en France, par ailleurs camarade de promotion de Basile Yared, conseiller juridique de Rafic Hariri, ancien Premier ministre libanais et ami du président français Jacques Chirac, assassiné à Beyrouth en 2005, de même que les collaborateurs locaux libanais du site tels Chawki Freyha, dont le patronyme appartient à la grande tradition journalistique libanaise, ainsi que Marwane Haddad et l’opposant syrien Nizar Nayouf.

Nizar Nayouf, ancien prisonnier politique syrien : mais qu’allait-il donc faire dans cette galère ?

Les êtres épris de liberté et de justice savoureront surtout le fait que la dernière imposture de proche-Orient.info – sa stigmatisation du « Mouvement des Indigènes de la République »- ait précipité sa chute. Expression d’une sorte de justice divine? Les croyants auraient tendance à le percevoir ainsi.

Pour mémoire et pour l’histoire, son dernier article avait en effet pour intitulé : Depuis le début de 2006, les Indigènes de la République sont en crise : LA DANGEROSITÉ DES « INDIGÈNES » LES PLUS IRRÉDUCTIBLES par JEAN-YVES CAMUS.

Jean Yves Camus, auto-proclamé spécialiste de l’antisémitisme, reproche au Mouvement des Indigènes de la République» d’être «composé dans sa direction des militants de plusieurs organisations pro-palestiniennes comme la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPP); la Coordination des Comités Palestine ainsi que l’association lyonnaise DiverCité, largement tenue par l’Union des jeunes musulmans (UJM), considérée comme inspirée par la pensée de Tariq Ramadan. L’auteur fait grief au mouvement de soutenir la «Résistance libanaise» et palestinienne et de chercher à transposer le conflit israélo-palestinien sur le territoire français.

Jean Yves Camus se trompe visiblement de cible: en proclamant son soutien inconditionnel à Israël lors de la dernière guerre israélienne contre le Liban sans l’assortir de la moindre condamnation des violations du droit humanitaire international, en faisant appel aux conseils du ministre israélien de la Sécurité publique chargé de la répression de l’Intifada en pleine révolte des banlieues françaises en novembre 2005, c’est M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, qui suggère une analogie de situation entre les territoires palestiniens occupés et les banlieues françaises, facilitant une transposition du conflit israélo-palestinien sur le territoire national. En promouvant un binational franco-allemand, réserviste de l’armée israélienne, au rang de conseiller ministériel, le candidat virtuel de la droite traditionnelle aux présidentielles de 2007, cherche à instrumentaliser le judaïsme pour des raisons électoralistes. Son omniscient conseiller Arno Klarsfeld, tant pour les affaires des sans-papiers que pour l’épineux sujet du rôle positif de la colonisation française, a effectué son service dans les garde-frontières israéliens, non sur la base d’une option de nationalité, ce qui pouvait se concevoir pour des binationaux, mais sur requête d’une demande en naturalisation sur base d’une option religieuse, ce qui est un comble pour un État qui prône la laïcité comme un principe cardinal de la République et pour un ministre qui fait de la laïcité le moteur tant de son action modernisatrice de la France que de sa lutte contre l’intégrisme, comme en témoigne son engagement dans l’affaire du «voile islamique».

A force de vouloir de déterrer à tout prix la crise chez ses adversaires, POI a fini par succomber à sa propre crise. La « dangeroristé des indigènes de la République », dans le cas d’espèce, lui aura été fatale.

Proche-Orient.info a été créé par Elisabeth Schemla et Nicole Leibowitz, deux anciennes du Nouvel Observateur et de l’Express, deux hebdomadaires français de la société consumériste. Dans leur «testament politique et journalistique» les deux consoeurs déplorent que leur retraite intervienne alors que «les démocraties, et en premier chef Israël, apparaissent dans toute leur fragilité, en butte aux visées expansionnistes de l’Islam radical». Elles font part de leur «honte extrême que l’ONU qui se targue de vouloir restaurer la paix dans le monde, ait jugé Mohamad Ahmadinejad digne de sa tribune». Elles prennent date du « tremblement de terre qui ébranlera la France l’an prochain par les urnes…(.) le vote des banlieues surgissant sur celui des bulletins lépénistes métamorphosera le pays».

Sans vouloir épiloguer, ni polémiquer, ce testament révèle une double pathologie de ses auteurs: un autisme intellectuel doublé d’une cécité politique:

1)- Un État qui se vit en permanence en dehors des normes internationales prend le risque d’être, à terme, perçu comme un État hors la loi. Se montrer soucieux de faire respecter la légalité internationale dans un pays voisin, en l’occurrence le Liban avec la résolution 1559 du Conseil de sécurité, tout en bafouant soi-même, d’une manière constante, toutes les résolutions internationales, y compris celles prises avec la caution de ses parrains occidentaux, notamment du Conseil de sécurité (n°242 de Novembre 1967) concernant le règlement du conflit israélo-arabe, relève d’un cynisme éhonté. À coups d’annexion rampante, d’expropriation forcée, de spoliation, de déportation et d’intimidation, Israël est en passe d’absorber 80 pour cent du territoire de la Palestine du mandat britannique, en ne concédant que 20 pour cent de la superficie initiale aux Palestiniens, une portion congrue, elle-même gangrenée par une multitude de colonies de peuplement, en vue d’asphyxier l’espace vitale palestinien.
De surcroît, depuis la création de la FINUL, en 1978, Israël a procédé à l’invasion du Liban, à deux reprises, en 1982 et en 2006, mettant hors de combat soit directement, soit par l’entremise de ses supplétifs de l’armée du sud-Liban, 258 casques bleus, en toute impunité.

2)- Israël et ses parrains occidentaux se sont toujours appliqués à maintenir en selle des «Arabes domestiqués» dans la plus pure tradition coloniale. La diabolisation constante des dirigeants nationalistes –arabes ou musulmans– a entraîné une radicalisation du combat et par mouvement symétrique, l’Iranien Mossadegh a cédé la place à l’Ayatollah Khomeiny, guide de la révolution islamique, puis à Ahmadinejad et au Hezbollah Libanais, alors que, parallèlement dans le monde arabe, Nasser cédait la place à Yasser Arafat puis à Ben Laden, au Jihad islamique et au Hamas.

L’enlèvement du Président du parlement palestinien et de trois ministres d’un gouvernement démocratiquement élu participe de ce profond mépris des normes internationales générateur de la profonde aversion qu’inspire à l’ensemble arabo-musulman la moindre démarche occidentale.

Quant à la superposition du vote des banlieues sur les bulletins lépénistes, il conviendrait de rechercher les causes du malaise français, non dans la nature criminogène de la jeunesse des zones périphériques des métropoles françaises, ou de leur déviance qui s’apparente à une désespérance, mais dans la «France d’en bas» qui nous gouverne, la France des basses manœuvres et des bas calculs, celle des emplois fictifs et des responsabilités fictives, des zones de non-droit et des passe-droits, de Clearstream et d’EADS, des Frégates de Taiwan et des rétrocommissions, des écoutes téléphoniques illégales et de l’affaire d’Outreau.

Mmes Schemla et Leibovicz –et avec elles Jean Yves Camus- se seraient grandies, et, avec elles la profession, si elles avaient porté, non un regard sectaire mais un regard synoptique sur une actualité infiniment complexe.

Pour mémoire et pour l’histoire, Elisabeth Schemla avait imputé son premier naufrage à l’hostilité du camp pro-syrien, comme en témoigne le communiqué triomphant diffusé à son lancement tonitruant le 25 Septembre 2005, soit un an jour pour jour avant son sabordage: « Un exocet contre proche-Orient.info tiré par le camp syrien », titrait sur son site Mme Schemla.

«Plus la perspective de notre réouverture se rapproche, plus des mouvements et groupuscules politiques qui nous sont hostiles, français et moyen-orientaux en particulier, se déchaînent. Ils tentent par tous les moyens de nous discréditer. Jusqu’à la diffamation. Nous avons choisi jusqu’ ici le silence sur ces agissements, car il nous paraît inutile de faire la moindre publicité à l’ensemble de ces mouvances», ajoutait-elle brandissant une brochette d’intellectuels convenus à sa rescousse :
Alain Finkielkraut, Élie Wiesel, Dalil Boubakeur, André Glucksmann, Pierre-André Taguieff, Michel Wieviorka, Corinne Lepage, Frédéric Encel, Antoine Sfeir, Mireille Hadas-Lebel, François Zimeray, Alexandre Adler, Malik Aït Aoudia, Florence Taubmann, Michel Serfaty, Alain Michel (Fondation « Hommes de Parole »), Guillaume Dasquié, ainsi que le mouvement « La Paix Maintenant»… soutiennent la souscription et la réouverture de POI, assurait-elle, pleine de contentement.

Un an après le désenchantement est à la mesure de son espérance trahie.

Il serait contraire à notre esthétique de vie de nous réjouir des déboires de nos adversaires. Devant tant de malheurs et de désillusions, nous serions plutôt enclins à mettre le tandem Schemla-Leibovicz en garde contre leurs propres faux amis. Plutôt que des islamistes, sur lesquels elles ont fait une fixation digne d’être psychanalysée, elles auraient dû se méfier de leur propre camp: Media Ratings, zélé site de l’hypersionisme dirigé par Philippe Karsenty, leur reproche leur esprit procédurier.

Philippe Karsenty, inventeur de Media-Ratings, la « première agence française de notation des médias ». Cet hypersioniste est parti en guerre contre proche-orient.info

Dans un communiqué vengeur publié lundi 25 septembre sur son site, il accuse le duo d’avoir engagé une procédure à son encontre à la suite de la publication d’un article: «Proche-Orient.info: décryptage d’un média aux ordres de Jacques Chirac et du Quai d’Orsay».
Il soutient que POI a perdu sa plainte et a été condamné à lui verser la somme de deux mille euros .
Récidiviste, POI aurait poursuivi Media Ratings, à nouveau en justice, la semaine dernière, au motif que dans le procès qui oppose Media Ratings à France 2 et Charles Enderlin, leur correspondant en Israël, à propos de «l’affaire Mohamad Ad-Dourra» du nom du jeune Palestinien tué au début de la 2eme Intifada, Media ratings a fait usage d’un «document interdit». L’affaire est en cours et nous nous abstiendrons donc de la commenter mais force est de convenir que de drôles de mœurs règnent au sein de la communauté médiatique proisraélienne.

«Face à cette nouvelle procédure destinée à nouveau à entraver Media-Ratings, le site invite les anciens abonnés de « Proche-Orient info» à réclamer le reliquat de leur abonnement.
Certains d’entre vous ont la possibilité d’empêcher Mme Schemla de continuer à nous nuire. En effet, Proche-Orient.info a vendu en début d’année 2006 des abonnements annuels au prix de 100€.
Or, la diffusion d’informations nouvelles sur le site de Proche-Orient.info n’aura duré que pendant 37 semaines sur 52. Il semblerait que les lecteurs de POI devraient donc pouvoir exiger le remboursement de 30% du montant de leur abonnement auprès de la société éditrice du site.
Si vous êtes intéressé, vous pouvez contacter le collectif « Lecteurs de POI en colère » qui s’est mis en place en vue de faire respecter ses droits : lecteursdepoiencolere@yahoo.fr », déclare le communiqué de Media Ratings, qui rappelle, opportunément, comme pour enfoncer le clou, que Mme Schemla vient de publier un livre avec Pascal Boniface : Halte aux feux : Proche-Orient, antisémitisme, médias, islamophobie, communautarisme, banlieues..

Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, celui-là même qui avait en son temps demandé à ce que l’État d’Israël soit placé dans «l’axe du mal», assure Media Ratings.

Il est à espérer que dans sa prochaine et hypothétique aventure, Elizabeth Schemla saura faire preuve d’un meilleur discernement dans le choix de ses véritables amis, plus néfastes à son entreprise que ses adversaires les plus redoutables. Paix à l’âme de proche-orient.info mais sans verser la moindre larme.