Guerre des ondes … Guerre des religions
Guerre des ondes ... Guerre des religions.
La bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen
Au terme d'un millénaire houleux, les partenaires présumés qui ambitionnent de refaire de la Méditerranée un des pivots du 3è millénaire, se livrent à une véritable guerre des ondes qui prend des accents modernes d'une guerre de religion avec la prolifération des méga-radios religieuses occidentales le long de la Méditerranée. Cet ouvrage se propose d'être une contribution à la géostratégie de la communication en Méditerranée.
LE NOUVEL ORDRE MÉDIATIQUE
Guerre des ondes au Proche-Orient
par Eric Merri, juin 1998
source : http://www.monde-diplomatique.fr/1998/06/MERRI/3782
Le vocabulaire se fait spontanément guerrier, dès que l’on évoque les relations entre l’Occident chrétien et le monde arabe et musulman. René Naba, journaliste, n’échappe pas à la règle (1) mais il l’applique à un nouveau champ de bataille, situé juste au-dessus de la Méditerranée. Ici, la puissance de feu se compte en émetteurs, en fréquences et en kilowatts. De part et d’autre, la force de frappe est impressionnante. Au point de ressusciter « les peurs antiques, quant à une nouvelle croisade occidentale de type médiatique, à laquelle ferait pièce une nouvelle invasion musulmane dont les hordes seraient représentées par les antennes paraboliques (…) des banlieues populeuses et industrieuses de France et d’Europe ».
Britanniques, Américains et Saoudiens combattent en première ligne. Ils font de la communication le nerf de la guerre moderne. Ils s’en servent pour véhiculer leur vision de l’actualité, pour affirmer leur ascendant culturel, politique ou religieux. Avec la BBC, Voice of America et CNN, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis enregistrent les plus fortes audiences des radios et des télévisions occidentales au Proche-Orient. Depuis quelques années, l’Arabie saoudite joue elle aussi dans la cour des grands, avec des géants du multimédia comme MBC (Middle East Broadcasting Center) à Londres, ORBIT Communications en Italie ou ANA (Arab Network Agency) à Washington.
René Naba dresse très précisément la liste des forces en présence, tout autour de la Méditerranée. Sa conclusion est sans appel : les Anglo-Saxons et les Saoudiens, fers de lance de la coalition anti-irakienne de 1991, ont gagné la guerre des ondes. Dans le camp des vaincus, il place l’Irak, toujours sous le coup de l’embargo, le Liban, sous le double parrainage de Riyad et de Damas, mais également la France. Celle-ci cède du terrain face à des concurrents très offensifs. L’auteur explique ce recul par la dispersion des moyens et l’absence de stratégie à long terme. Il le regrette et le dénonce parfois avec excès. Mais il s’appuie sur des faits, têtus, incontestables : Radio-Monte-Carlo-Moyen-Orient était à ses débuts, dans les années 70, la première radio sur l’ensemble de la région. Elle n’est plus désormais que la première radio étrangère au Liban.