Thursday, November 21, 2024
Actualités & Flashback


Liban – États-Unis Softwar 4/5 : Les principaux acteurs de la Soft War

Liban – États-Unis Softwar 4/5 : Les principaux acteurs de la Soft War Parmi les principaux acteurs de cette Softwar,…

Par : René Naba - dans : Liban Politique - le 26 janvier 2024

Liban – États-Unis Softwar 4/5 :
Les principaux acteurs de la Soft War


Parmi les principaux acteurs de cette Softwar, les grandes agences des pays de l’Otan: USAID, Ford Foundation, UK AID et BBN Media Action, Agence Française pour le Développement (AFD), secondées par l’Open Society Foundation du milliardaire George Soros, qui s’est distingué en Europe orientale, ainsi que les trois grandes fondations allemandes: Heinrich Böll Stiftung, Frederic Naumann Stiftung et Frederic Ebert Stiftung.

Les États-Unis

La grande démocratie américaine est coutumière des changements de régime par la force, sous couvert de «démocratie». Des grandes fondations philanthropiques s’appliquent à imposer la démocratie par la force à des pays pour qu’ils appliquent une politique conforme aux intérêts américains.

Cela a été le cas en Amérique latine, au Guatemala en 1954, où le coup d’état a été manigancé par la CIA en lien avec la United Fruit Company et a abouti à la destitution du président Jacobo Árbenz Guzmán; ou encore lors de la tentative d’invasion de Cuba contre le régime marxiste de Fidel Castro, en 1961, ou encore au Chili, en 1973, contre le président socialiste Salvador Allende, ou enfin lors du plan Condor de sinistre mémoire, dans la décennie 1970.

Il en a été de même dans la zone pétrolifère du Moyen Orient, avec l’opération Ajax, en 1953, visant à destituer le premier ministre Mohammad Mossadegh, artisan de la première nationalisation du pétrole dans le tiers monde en vue de rétablir dans son trône du Chah d’Iran, dans la décennie 2010; en Libye et en Syrie, deux pays alliés de la Russie et sans endettement extérieur, –sous couvert de «printemps arabe»–. Enfin au Liban lors de la «Révolution Orange» qui a suivi l’assassinat du premier ministre libano saoudien Rafic Hariri, en 2005, provoquant par contrecoup, le retrait de l’armée syrienne du Liban.

Depuis la fin de la guerre froide soviéto-américaine, les États-Unis ont ainsi formé des dissidents en herbe à travers le monde, et en particulier dans le monde arabe, à l’application de la résistance individuelle non violente. Une idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage «From Dictatorship to Democracy» (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées et du «printemps» arabe.

Les différents mouvements dissidents ont ainsi bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’«exportation» de la démocratie comme l’USAID (United States Agency for International Development), la NED (National Endowment for Democracy), l’IRI (International Republican Institute), le NDI (National Democratic Institute for International Affairs), Freedom House et l’OSI (Open Society Institute).

Au Liban, haut lieu de la contestation arabe, la nouvelle ambassade des États-Unis située à Awkar, dans l’ancien réduit chrétien du Metn fief du clan Gemayel, au Liban, s’étend sur une superficie de quatre vingt dix mille mètres carrés (90.000 m2) de bâtiments couverts et 120.000 mètres carrés de construction sur des superficies découvertes se dressent les salles affectées aux activités habituelles des ambassades: Consulat, Presse, Culture, Service Économique etc..

La nouvelle ambassade abrite des centres d’études dotés d’équipements technologiques sophistiqués, protégés par un dispositif de grande sécurité, de même que des postes de commandement pour la direction des opérations militaires.

Hybrid Warfare ou les guerres asymétriques

Le tout édifié avec du matériel composite (une combinaison de béton armé et fer), surmonté par des plaques ultra sensibles de pré-alerte pour détecter d’éventuelles menaces. L’ambassade a été équipée d’un double système de détection BMS et BAS, (des détecteurs quantiques par micro-onde), en vigueur dans les sites atomiques et les postes de commandement des bases militaires américaines. Pour sacrifier à l’air du temps, l’ambassade abrite en outre un centre de repérage et de piratage informatique chargé du monde virtuel et des réseaux sociaux, ainsi qu’un centre de décryptage des données électroniques recueillies par les brigades électroniques opérant depuis l’ambassade.

Une section spéciale est affectée à la Société Civile et les ONG Organisations Non Gouvernementales, nouveau dada de la diplomatie américaine, de même que les partis politiques et les personnalités politiques, les journalistes alliés des Américains.

Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains. À titre d’exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

Ford Foundation

Pionnière en ce domaine, traditionnel vecteur d’accompagnement de la stratégie américaine, Ford Foundation a consacré 238 millions de dollars, en 2012-2022, au Moyen Orient. Le tiers des dépenses a été engagé avec le début du «printemps arabe». L’Égypte a été le principal bénéficiaire des subventions (80,6 millions de dollars). Le Liban a bénéficié de 14,6 millions de dollars entre 2006 et 2021. En fait, une étude minutieuse des déclarations fiscales de Ford Foundation révèle que le Liban a, en fait, bénéficié de 63,7 millions de dollars.

Pour rappel, Mme Basma Kodmani, première porte parole de l’opposition syrienne off shore, a dirigé de 1999 à 2005, le programme «Gouvernance et Coopération Internationale pour le Moyen-Orient» , financé par la Fondation Ford, et basé en Égypte avec pour mission de soutenir les institutions de recherche arabes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. En septembre 2005, elle fonde et devient directrice exécutive de l’Initiative de Réforme arabe, un consortium d’instituts de recherche du monde arabe initié par le think tank américain Council on Foreign Relations et travaillant en partenariat avec des instituts européens et américains sur les questions de réforme et de transition démocratique dans le monde arabe.

Open Society Foundation de George Soros

George Soros figure parmi les plus importants contributeurs des organisations de la société civile du Moyen Orient avec un budget de 50 millions de dollars en 2020 et le Liban, le premier bénéficiaire des subsides du milliardaire américano-hongrois. En 4 ans, les organisations civiles libanaises (2017-2021) ont reçu 19,2 millions de dollars de subvention. Depuis le lancement de son prosélytisme ultra libéral, en 1979, George Soros a consacré un budget de 16,8 milliards de dollars au financement des sociétés civiles dans sept zones géographiques de la Planète: Afrique, Asie-Pacifique, Eurasie, Amérique Latine, Moyen Orient, Afrique du Nord, Europe.

Au Moyen-Orient, «Open Society Foundation» de George Soros s’est attaquée en priorité à la Ligue Arabe, sous la coupe des monarchies arabes, où elles disposent de la majorité des voix: Arabie Saoudite, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Jordanie, Koweït, Maroc, Qatar, Sultanat d’Oman), en sus de deux confettis de l’empire français, Djibouti et les Comores, soit au total 11 membres sur un total de 20 que compte l’organisation pan arabe. Des pétro monarchies passées sans coup férir de la tutelle britannique à la tutelle américaine. La Ligue Arabe s’est notamment distinguée, à l’initiative du Qatar, par l’expulsion de la Syrie de l’organisation, alors que ce pays qui a livré quatre guerres contre Israël en était un membre fondateur.

Au Liban, «Open Society Foundation» s’est appliquée à mobiliser la jeunesse contre le pouvoir afin de faire obstruction à l’exploitation directe des ressources pétrolières libanaises par le Liban au prétexte de sa corruption, à l’arrière plan du grignotage des zones offshore pétrolières libanaises par Israël et des pressions américaines sur le Liban en vue de négocier une délimitation des frontières entre le Liban et Israël, selon un tracé favorable à l’État Hébreu.

Natacha Torbey, dans un article publié à la mi-mai 2023 sur la plateforme médiatique francophone Ici Beyrouth décrypte ainsi l’influence acquise depuis 2019 par la fondation de George Soros au Liban. Profitant de la déficience des pouvoirs publics, l’organisme mondialiste a en effet largement investi dans de nombreuses associations locales afin de noyauter la société civile en offrant aux populations des services n’étant plus assurés par les institutions étatiques. Des médias à la justice en passant par la culture

Les sommes investies par la fondation sont réparties entre les médias (9%), la justice (5%), les associations de défense des droits de l’Homme (7%), la culture et l’art (7%), l’enseignement supérieur (5%), l’économie (17%), l’égalité et la lutte contre toute forme de discrimination (17%), la santé (10%), l’enfance et le droit à l’éducation (8%). Parmi les bénéficiaires, on peut citer: Legal Agenda, le Fonds arabe pour les arts et la culture (AFAC), l’Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE) et Kulluna Irada, le média Daraj, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) l’association Helem(rêve) pour le droit des homosexuels au Liban, les associations CARE (Cooperative for Assistance and Relief Everywhere) et Basmeh&Zeitoonehpour les droits des réfugiés, les médias The Public Source et Megaphone…

Sur les ONG et la Softwar au Liban. pour le locuteur arabophone, cf ce lien : Al Akhbar Lundi 10 Janvier 2022

Le Royaume Uni

Moins tonitruant que la France, mais plus perfide et autrement plus efficace, le Royaume Uni a assumé un rôle redoutable dans la déstabilisation de la Syrie et du Liban, les deux anciennes chasses gardées françaises au levant, à la faveur de la séquence du “printemps arabe”, sans qu’il ait eu besoin de criminaliser les contestataires à sa stratégie, sans qu’il ait été relégué au rang d’”affinitaire”, sanction de son échec, comme ce fut le cas de son partenaire français. Telle est la principale révélation d’ ”Anonymous” qui a réussi le tour de force de pirater les documents confidentiels du “gouvernement de Sa Majesté” .

Anonymous est un collectif d’internautes activistes spécialisé dans la piraterie informatique (hacker) se manifestant notamment sur Internet, agissant de manière anonyme et qui se présente comme défenseur de la liberté d’expression. Le Royaume Uni a ainsi conçu une guerre totale dans le domaine de la propagande contre le Syrie en vue de domestiquer le régime baasiste, mobilisant bon nombre de firmes de relations publiques opérant sous couvert d’organisations non lucratives en vue d’emporter le soutien occidental à l’opposition syrienne dans ses deux variantes politiques et militaires.

En 2014, le Foreign Office, le ministère de la défense et le ministère du Commonwealth ont déclenché une campagne conjointe en vue de faire bénéficier l’opposition syrienne des contacts stratégiques, en tissant un réseau relationnel entre les Médias et les groupements syriens.
A- ARK (Analysis Research Knowledge), The Global Strategy Network (TGSN), Albany
Pour établir une infrastructure capable de gérer le blitz de propagande, la Grande-Bretagne a payé une série d’entrepreneurs gouvernementaux, y compris ARK (Analysis Research Knowledge), The Global Strategy Network (TGSN), Innovative Communication & Strategies (InCoStrat), et Albany. Le travail de ces entreprises s’est fait en concertation avec des membres de l’opposition syrienne.

L’une des principales entreprises du gouvernement britannique derrière le régime de changement de régime en Syrie s’appelle ARK (Analysis Research Knowledge). L’ARK a joué des médias comme d’un violon. ARK est basé à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Elle se présente comme une ONG humanitaire. En réalité ARK est une agence de renseignement dont les fonctions sont intégrées aux interventions armées occidentales.

Trois des firmes précitées (ARK, TGSN et Albany), dont les équipes étaient constituées de contractuels du gouvernement britannique, ont été chargées de cette guerre psychologique totale en collaboration avec les États-Unis, le Canada, les Pays Bas et les Nations Unies.
Sur son site web, ARK a établi une liste où tous ces gouvernements sont cités en tant que clients, ainsi que les Nations Unies. ARK s’est vanté d’avoir supervisé des contrats d’une valeur de 66 millions de dollars pour soutenir les efforts de l’opposition en Syrie. ARK a ainsi formé 150 activistes au maniement des caméras, l’éclairage et le son. Deux cents organisations non lucratives, formées dans 130 ateliers, ont bénéficié des subventions liées à ce programme avant d’être infiltrées à l’intérieur du territoire syrien pour y mener des actions d’agit-prop.

Au Liban, les Britanniques ont particulièrement ciblé les jeunes, les femmes ainsi que les camps palestiniens du Liban. Ils ont installé en outre des Miradors le long de la frontière syro-libanaise pour la surveillance tant du trafic que le transit de l’armement vers le Hezbollah. Les Miradors sont équipés de caméras qui renvoient directement les images vers des pc opérationnels américains et britanniques.

James Le Masurier et les Casques blancs.

Au-delà de cet impressionnant dispositif de propagande, le Royaume Uni a mis sur orbite deux projets particulièrement pernicieux: les Casques Blancs et l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme

Les Casques Blancs

Ce collectif d’urgence humanitaire s’est distingué par sa théâtralité, mais s’est vite discrédité par ses connexions terroristes et son fondateur, mort dans des conditions mystérieuses en 2019 en Turquie dans une opération qui s’est apparentée à une élimination d’un témoin encombrant.

Ancien officier de l’armée britannique devenu directeur d’une ONG néerlandaise, la Mayday Rescue Foundation, James Le Masurier, le fondateur des «Casques Blancs» de Syrie, né le 25 Mai 1971 à Singapour, est décédé le 11 Novembre 2019 à Istanbul dans des conditions mystérieuses. Il a été retrouvé mort au pied de l’immeuble où il habitait, avec de multiples fractures. Cet ancien agent du MI6 a été repéré, notamment dans les Balkans et au Moyen-Orient. Ses relations avec des groupes terroristes ont été rapportées lors de sa mission au Kosovo.

Innovative Communication and Strategies (InCoStrat)

Cette structure chapeautait deux sous-traitants du ministère britannique des Affaires étrangères travaillant sous la supervision du ministère de la défense. Elle était chargée de la communication des «groupes armés modérés» en Syrie. Leur mission était de produire des éléments de langage et du matériel de propagande: des vidéos, des photos, des rapports militaires, des brochures avec les logos des groupements combattants.
(CF. à ce propos «How Britain Funds the propaganda War against ISIS in Syria», IAN Cobain, Alice Ross, Rob Evans, Mona Mahmooudht- The Guardian May 3rd 2006.
Et aussi: Charles Skelton: Qui produit le discours? https://www.the guardian.com commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing the talking.

L ‘Allemagne: Un nouveau joueur sur la scène du Moyen Orient

L’Allemagne est présente au Liban à travers quatre principales fondations: Heinrich Böll Stiftung, Friedrich Naumann Stiftung, Frederic Ebert Stiftung et Konrad Adenauer Stiftung. A rebours de leur voisin français, sans effet de manche, ni effet d’annonce. Sans tambour ni trompette. Discrètement. Efficacement.

La présence des grandes fondations allemandes peut surprendre. Il n’en est rien.

Seuls les naïfs peuvent réellement penser qu’une puissance telle que l’Allemagne aurait cessé toute volonté de puissance après l’écroulement de la machine nazie, en construisant gentiment des appareils ménagers et des pots d’échappements dans leur coin. En fait, dès 2004, l’Allemagne avait offert des bons offices pour un échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah: Plus de 400 Palestiniens, contre un homme d’affaires israélien, Elhanan Tannenbaum. Un succès pour la diplomatie secrète allemande. Et le nom de l’Allemagne est régulièrement cité pour un nouvel échange de prisonniers entre Israël et le Hamas palestinien cette fois.

En 2006, La chancelière Angela Merkel a envoyé un contingent très important pour participer à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) après la guerre entreprise par Israël contre le pays du Cèdre à l’été 2006. Les 2 400 soldats allemands contrôlent de dispositif maritime pour empêcher l’approvisionnement en armes de la Résistance via la Méditerranée. En mer, ce qui épargne les soldats allemands les frictions avec la population chiite du sud Liban.

A rebours aussi de la boursouflure intellectuelle de la caste académique française, qui s’est terriblement fourvoyée dans la guerre de Syrie (2011-2022), provoquant le désastre de la diplomatie française, la recherche allemande a été pionnière dans les études sur le phénomène des «loups solitaires». Dietmar Loch, enseignant-chercheur à l’université de Bielefeld (Rhénanie du Nord Westphalie), membre du Groupe de recherches interdisciplinaires sur les conflits multiethniques que dirige le professeur Wilhelm Heitmeyer avait en effet consacré ses recherches au parcours de Khaled Kelkal.

La préparation d’une thèse qu’il achève sous la direction du professeur Claus Leggewie, titulaire de la chaire Max Weber du Center for European Studies de New York) a conduit M. Loch à séjourner durant près d’une année, en 1992, à Lyon et Vaulx-en-Velin pour une étude de terrain et la collecte d’entretiens. Il s’agissait d’une contribution à une recherche plus vaste consacrée aux politiques municipales d’intégration et aux conflits entre communautés.

C’est dans ce contexte qu’il a été mis en contact avec un jeune homme en liberté conditionnelle, qui non seulement a accepté de parler avec lui mais lui a accordé l’un des plus longs de la trentaine d’entretiens recueillis par M. Loch. Il s’agissait, par le plus grand des hasards bien entendu, de Khaled Kelkal.

Pour aller plus loin sur cette affaire, cf; ce lien: Le Monde publie le texte d’un entretien avec Khaled Kelkal, réalisé le 3 octobre 1992 à Vaulx-en-Velin par un chercheur allemand en sciences sociales et politiques, Dietmar Loch

L’Allemagne déploie en effet beaucoup d’énergie afin de conquérir le monde arabo-musulman, au détriment de l’Union européenne. Les Allemands sont très actifs en Méditerranée avec leur propre politique.

Ils financent énormément des ONG et des centres de recherches sur les relations internationales, trans-méditerranéennes ou sur le terrorisme. A chaque colloque, des universitaires d’Outre-Rhin prennent place.

Pour rappel l’Allemagne a également aidé le Front de Libération Nationale en Algérie au grand dam de la France. Elle possède une vraie connaissance de ces territoires; des universitaires parmi les plus fins en Europe sur le monde musulman notamment en matière de théologie politique tels que feu Anton Spitaler et surtout Reinhart Schulze ou encore Udo Steinbach.

Berlin souhaite raffermir un rôle de puissance mondiale, sans gesticulation péremptoire, mais avec cynisme. Les Allemands ont compris que la mer Méditerranée était la frontière la plus importante de l’Europe et pas uniquement pour l’Italie, la France ou l’Espagne. Après l’accueil de réfugiés syriens, les Allemands ont eu un sursaut de réalisme sur un espace géographique où elle n’a pourtant pas pied. Elle a joué sa carte en solitaire en fonction d’une démographie vieillissante.

L’axe Berlin-Ankara est toujours bien relié par l’intermédiaire d’une diaspora très forte. Peu importe les différences entre « le nouveau Sultan » et les pays membres que sont la Grèce ou Chypre.

Au niveau politique plus particulièrement, les services allemands ont très vite repris le dialogue, de manière très discrète certes, avec Damas. Y compris avec le maréchal Khalifa Haftar en Libye alors que l’Union européenne soutient Tripoli.

Les Fondations allemandes : 318 millions d’euros de 2010 à 2018 dans les pays arabes.

Les Fondations allemandes ont alloué la somme de 318,9 millions d’euros à des opérations de soutien à la démocratisation de la vie politique dans les pays arabes entre 2010 et 2018, en pleine séquence dite du «printemps arabe».

Prolongement des grands partis politiques allemands, les ONG allemandes qui sont subventionnés à 90 pour cent par le gouvernement fédéral se déclarent néanmoins, paradoxalement, comme étant des Organisations Non Gouvernementales, alors qu’elles en constituent le bras armé. En 2019, le budget global de ses Fondations s’est élevé à 700 millions d’euros, dont 660 millions provenant du budget fédéral….Ce qui est en contradiction avec la notion d’ONG. Si la Fondation Konrad Adenauer, qui tire son nom du premier chancelier démocrate chrétien de la RFA post guerre mondiale, à une collaboration privilégiée avec les partis chrétiens libanais, –tel les Forces Libanaises de Samir Geagea ou les Phalangistes du clan Gemayel–, la Fondation Rosa Luxembourg coopère, elle, avec les mouvements se réclamant du socialisme démocratique.

Le décompte des contributions s’établit comme suit:

  • Friedrich Ebert: 112,02 millions d’euros
  • Konrad Adenauer: 73,2 millions
  • Heinrich Boll: 40, 6 millions
  • Friedrich Neumann: 35,9 millions
  • Hans Redel: 32,7 millions
  • Rosa Luxembourg: 25,1 millions

Friedrich Ebert Stiftung: Fondée en 1925, cette fondation dispose d’un réseau dans une centaine de pays. Elle a commencé à opérer au Liban en 1966, devenant la plus ancienne fondation allemande présente au Liban. Lors de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, Friederich Ebert Stiftung a œuvré en vue de la mise sur pied d’un Tribunal Spécial sur le Liban pour juger les assassins du milliardaire libano-saoudien. Un tribunal qui s’est déconsidéré par la partialité du comportement du premier enquêteur, –allemand comme de juste–, Detlev Mehlis.

  • Konrad Adenauer Stiftung: Liée à la CDU, le parti démocrate chrétien allemand, la Fondation est présente à Beyrouth depuis 2016. Son programme régional porte sur la démocratisation de la vie politique et la prévention des conflits en Méditerranée. Elle privilégie son soutien aux partis chrétiens libanais, les Forces Libanaises de Samir Geagea, pourtant un des grands fossoyeurs du leadership chrétien libanais, et, au Parti Phalangiste du Clan Gemayel, la matrice originelle des milices chrétiennes libanaises, qui se sont distinguées par une alliance absolue avec Israël durant la guerre civile libanaise.
  • Friedrich Naumann Stiftung: Cette fondation a accordé son soutien aux partis arabes qui favorisent la promotion de l’idéologie libérale dans les pays arabes et accorde son soutien aux instituts de gestion administrative favorisant le développement d’une pensée libérale dans la zone.
  • Heinrich Böll Stiftung: Cette fondation a inauguré ses activités au Moyen Orient par l’ouverture en 1998 d’un bureau en Israël, –génocide hitlérien oblige–, en vue de «nouer un dialogue entre l’Allemagne et Israël et de renforcer la démocratie». Quatre bureaux supplémentaires ont été aménagés à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, en 1999, à Beyrouth, 2004, Tunis, 2013 et Maroc 2014 «afin de répondre aux aspirations des peuples arabes telles qu’elles se sont exprimées lors du printemps arabe». Heinrich Böll Stiftung, qui s’est voué à la propagation de la démocratie à travers le Monde, n’a pas jugé bon cependant d’ouvrir des bureaux dans les pétromonarchies du Golfe, qui, comme chacun le sait, sont des «oasis de démocratie»…

A moins qu’elles ne soient des chasse-gardés américaines. Très active sur les réseaux sociaux, Heinrich Böll Stiftung a notamment créé un compte en 2011 lors du déclenchement de la guerre de Syrie, particulièrement auprès des digitalistes du Liban et de la Syrie, dont les amplifie les messages particulièrement de deux organes de la société civile qu’elle subventionne «Mégaphone» et «Bloc notes Juridique» (Al Mofakkara al Qanoynyia).

-Rosa Luxemburg Stiftung: De tendance d’un courant de pensée relevant du socialisme démocratique, elle est présente à Beyrouth depuis 2017. Son programme est centré sur la notion de «paix positive» et les moyens à mettre en œuvre pour combattre la violence structurelle des sociétés arabes au Liban, en Syrie et en Irak.

Parmi les autres opérateurs allemands au Liban figurent Goethe Institute, Deutsche Welle Academy, SWP, l’institut allemand pour la sécurité et GIL.

Le total des contributions des fondations allemandes dans le Monde arabe (2010-2018), cf ce lien.

La Norvège: Élève modèle des États-Unis, la Norvège se présente comme un grand pays humanitariste

La Norvège est un lieu chargé d’un lourd symbolisme particulièrement. Oslo, sa capitale, le lieu d’attribution du plus prestigieux Prix Nobel, le «Prix Nobel de la Paix», est passé à la postérité pour avoir servi en outre de cadre aux négociations qui ont débouché sur les premiers accords directs israélo-palestiniens, les accords d’Oslo, le 13 septembre 1993. Oslo est aussi le lieu d’un terrible carnage, en juillet 2011, symptôme des dérives de la pensée intellectuelle occidentale en ce qu’il a revélé au grand jour L’alliance entre l’extrême droit européenne et Israël: une imposture morale de l’alliance des descendants des victimes du génocide hitlérien avec les héritiers spirituels de leurs anciens bourreaux.

Le carnage d’Anders Behring Breivik, qui a fait 76 morts, est intervenu au lendemain de l’engagement du gouvernement norvégien d’agir en faveur de la «reconnaissance de l’Etat palestinien» à l’occasion de la prochaine assemblée générale de l’ONU qui devait se tenir en septembre prochain, alors que les jeunes du parti travailliste norvégien en congrès dans l’île voisine de la capitale prônaient une action plus radicale allant jusqu’au boycottage économique d’Israël.

Mais en élève modèle des États-Unis, la Norvège a participé au sabotage des gazoducs Nord Stream acheminant le gaz russe vers l’Europe occidentale, selon le journaliste américain Seymour Hersh, prix Pullitzer et auteur des révélations sur le massacre de Mỹ Lai au Viêt Nam, ainsi que sur les actes de torture à Abou Ghraib (Irak) ou encore sur la fausse attaque au gaz sarin en Syrie. En juin 2022, avec la complicité de la Norvège membre de l’OTAN, les plongeurs américains hyper entraînés de l’équipe Panama City (en Floride, pas le Panama) fixent, avec l’aide de Norvégiens, des explosifs sur les pipelines. L’opération est couverte par les manœuvres navales annuelles de l’Otan Baltic Operations 22, qui ont eu lieu du 5 au 17 juin. Trois mois plus tard, Le 26 septembre 2022, un navire de surveillance P8 de la marine de guerre norvégienne largue une bouée sonar qui transmet un peu plus tard un signal aux charges qui explosent libérant un flot de méthane. Fin de Nord Stream 1 et 2, écrit notamment le journaliste américain dans le New Yorker.

En dépit de son rôle trouble, la Norvège se présente néanmoins comme un grand pays humanitariste, fortement impliqué dans l’action humanitaire internationale et participe à ce titre activement au grenouillage philanthropique occidental dans le cadre de la soft war de l’Otan contre le Liban. Il n’est pas indifférent de noter à ce propos que l’ancien premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a occupé le poste de secrétaire général de l’OTAN de 2013 à 2022, c’est à dire tout au long de la séquence ukrainienne, de l’annexion de la Crimée par la Russie à la guerre d’ukraine proprement dite, avant de prendre la tête de la Banque centrale norvégienne.

Malgré sa réputation d’exemplarité, la Norvège n’hésite pas à recourir à des pratiques tortueuses, à l’instar des régimes autocratiques qu’elle dénonce tant. Pour aller plus sur ce thème, confère ce dossier en trois volets sur son comportement à l’égard d’une ONG, en la réduisant au silence, en ce qu’elle contrariait les intérêts conjoints des États-Unis, d’Israël et du Qatar

Pour mémoire, le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde, a gagné 1501 milliards de couronnes (131 milliards d’euros) au premier semestre, dopé par les marchés boursiers, a annoncé mardi la banque centrale norvégienne, chargée de sa gestion. Cette performance représente un rendement de 10% et a contribué à porter la valeur du fonds à la somme vertigineuse de 15.299 milliards de couronnes (1332 milliards d’euros) fin juin.

Au Liban, la Norvège s’emploie à enraciner la présence des réfugiés syriens sur le territoire libanais afin de leur interdire leur retour à leur pays d’origine. Une politique visant à conférer une densité démographique aux sunnites, la confession majoritaire des réfugiés syriens, afin de faire contrepoids à la population chiite, majoritaire au Liban, selon les statistiques officieuses. Des réfugiés syriens passibles comme les réfugiés palestiniens au Liban de mobilisation face à la puissance militaire du Hezbollah, dans l’éventualité d’une épreuve de force voire d’une guerre confessionnelle au Liban.

Le Liban compte officiellement 839.000 réfugiés syriens et 210.000 réfugiés palestiniens, soit un total de 1, 049 million de réfugiés pour une population globale libanaise de 5,5 millions d’habitant, soit le 1/5 de la population globale vivant au Liban. Sous couvert de «Droits de l’Homme», de «Bonne gouvernance» et de «Transparence», la Norvège participe par le biais de financement d’ONG à accentuer l’amputation de la souveraineté libanaise par ses ingérences répétitives dans le fonctionnement du système politique libanais. La Norvège a ainsi déboursé la somme de 534,5 millions de dollars au Liban entre 2006 et 2022. Avant la guerre de Syrie, l’aide norvégienne était allouée aux réfugiés palestiniens via la ‘Norwegian Aid Committee’.

L’activité humanitaire norvégienne s’est faite sous couvert de la branche éducative de l’UNRWA (Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens). L’aide norvégienne a commencé à augmenter en 2012 avec l’arrivée des réfugiés syriens au Liban. De 13 millions de dollars en 2012, l’aide a triplé en 2015, passant à 38 millions de dollars, pour atteindre 79 millions en 2018, soit le sextuple. Pour sa part, NORAD (Norwegian Aid) a alloué 319 millions de dollars de 2015 à 2022, dont 70 pour cent aux réfugiés syriens; 12,7 pour cent à la «Bonne Gouvernance» et à la «Transparence»; 5,6 pour ent à la sécurité; 5,5 pour cent à la santé et l’alimentation; 3,5 pour cent à l’éducation et à la culture. Onze millions de dollars ont été affectés aux prospections sur les ressources naturelles du Liban et ses infrastructures en 7 ans (2015-2022), soit 1,5 millions par an; indice d’un intérêt discret de la Norvège pour une possible exploitation des gisements off shore libanais. Enfin, en 2018, 722.000 dollars ont été déboursés en «soutien aux forces de sécurité intérieure» libanaise en vue d’aider les autorités libanaises à combattre la torture et les violations des Droits de l’Homme».

Pour le lectorat arabophone, ces deux liens du journal libanais Al Akhbar