Les Frères Musulmans égyptiens à l’épreuve de la révolution 2/3
Dwight Eisenhower (au centre) recevant une délégation de musulmans. Saïd Ramadan se trouve à droite, tenant des papiers entre les…
Dwight Eisenhower (au centre) recevant une délégation de musulmans. Saïd Ramadan se trouve à droite, tenant des papiers entre les mains.
Le rôle mobilisateur de Said Ramadan
Said Ramadan, père de Tariq Ramadan, le philosophe franco suisse, la cible privilégiée de l’intelligentzia française.
Depuis Amman, où il était en poste en tant que diplomate, Saïd Ramadan, le successeur d’Hassan Al-Banna, organisera sa contre attaque. Bénéficiant d’un sauf conduit jordanien pour faciliter ses déplacements, il entreprend sa guerre d’usure contre le régime nassérien, encouragé en sous main par les services occidentaux. Une collaboration est alors scellée officiellement lors d’une rencontre avec le président américain Dwight Eisenhower, en 1953, au paroxysme de la guerre froide soviéto-américaine.
La rencontre Eisenhower-Ramadan s’inscrivait dans le contexte d’efforts soutenus du gouvernement américain pour rallier les musulmans contre le communisme soviétique. L’Islam était considéré alors comme un contrepoids à l’athéisme soviétique dans le tiers monde. Les États-Unis considèrent les Frères musulmans comme des alliés potentiels contre Nasser et l’établissement de régimes communistes ou socialistes au Moyen-Orient.
Alliée potentielle des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, l’organisation est dissoute en 1954, au lendemain de la rencontre Saïd Ramadan-Dwight Eisenhower. Vingt mille de ses membres sont incarcérés, dont le numéro deux actuel d’Al-Qaïda, Aymane Al-Zawahiri. Le propre père de Tareq Ramadan, l’universitaire égypto-suisse, optera finalement pour la Suisse pour mener sa campagne de mobilisation anti nassérienne à l’aide des fonds saoudiens.
Le coup de pouce politico financier des Saoudiens et des Américains donne à l’organisation les moyens d’établir une structure islamiste juste à temps pour accueillir la vague d’immigration musulmane en Europe dans les années 1970.
En 1961, Saïd Ramadan fonde, avec le soutien du futur Roi Fayçal d’Arabie, le Centre islamique de Genève et prend la tête d’un organisme islamique de Munich: Le Islmische Gemeinschaft in Deutscland, chargé de recycler les transfuges musulmans de l’Armée rouge. Sous sa férule, ses partisans jouent un rôle important dans la fondation en 1962 de la Ligue Islamique Mondiale, la structure parallèle à fondement religieux mise sur pied par l’Arabie saoudite pour contrecarrer l’influence de la diplomatie nassérienne.
La défaite de juin 1967 puis la mort de Nasser en 1970, favorisent une nouvelle convergence entre le pouvoir égyptien et les Frères Musulmans, à la faveur du déplacement du centre stratégique du Monde arabe de la Méditerranée vers les pétromonarchies du Golfe et de l’utilisation de l’arme du pétrole en soutien à la guerre d’octobre 1973. Anouar el Sadate s’appuie sur les Frères musulmans pour faire contrepoids à l’extrême gauche et intègre la charia dans les lois égyptiennes. La lune de miel de cinq ans se brise en 1978, sur le processus de Camp David, première grave scission du mouvement. Les Frères musulmans renoncent officiellement à la violence militaire, à l’exception du combat en Palestine. Mais les divergences stratégiques conduisent à la constitution de nouvelles structures rivales telles que Al-Gama’a Al-Islamliya (Groupe islamique) dont un des membres assassinera Sadate en 1981.
Trois ans après l’assassinat de Sadate, son successeur Hosni Moubarak, confère, en 1984, une reconnaissance politique aux «Frères musulmans» sans toutefois leur concéder le statut de parti. Contournant l’obstacle, les Frères s’engagent sur le terrain politique sous l’étiquette «indépendant», participant aux manifestations visant à la réforme de la constitution et à l’abrogation de l’état d’urgence. Investissant le terrain social et financier, ils viennent en assistance aux classes défavorisés.
La dimension islamique de la contestation populaire atteindra son apogée lors du rétablissement, sous la pression de la rue, du crime d’apostasie par la justice égyptienne et la promulgation d’un nouveau code restrictif de la presse égyptienne.
La tentative d’attentat contre le Président Hosni Moubarak, en juin 1995 -la vingtième du genre en quinze ans-, donne l’occasion au président égyptien de mettre au pas les formations islamistes dont l’activisme, jugeait-il, menaçait de gangrener les principaux rouages de l’Etat. Un mois après cette tentative à l’occasion du sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Le Caire passe à l’offensive et mène une guerre à outrance contre les chefs de file des formations islamistes ayant revendiqué la responsabilité de cet acte.
L’Egypte demande l’extradition de cent vingt islamistes égyptiens réfugiés en Afghanistan ou en Europe occidentale.
A partir du premier choc pétrolier et, surtout, de la guerre antisoviétique en Afghanistan, dans la décennie 1980, les Saoudiens renoncent à la sous-traitance pour prendre directement en main la gestion de l’Islam européen, établissant leurs propres centres et mosquées financés par la Ligue mondiale, aux dépens, paradoxalement, des structures des Frères Musulmans.
C’est ainsi que les Frères Musulmans participent, en 1973 (l’année du premier choc pétrolier), à la fondation du Conseil islamique d’Europe, dont le point d’orgue sera la fondation de l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE) et de l’Union des organisations islamiques de France, en 1983, en pleine phase de montée en puissance de la troisième génération issue de l’immigration arabo musulmane.
Durant cette période, l’Europe occidentale faisait office de base arrière «aux combattants de la liberté» où soixante dirigeants islamistes y avaient résidence, dont quinze disposaient du statut de «réfugié politique».
A lire la liste des hôtes de marque de l’Europe, la «guerre contre le terrorisme» paraît risible, ce qui témoigne de la duplicité de la diplomatie occidentale tant vis-à-vis de l’opinion occidentale que vis-à-vis du Monde arabe. Parmi les célèbres réfugiés politiques figurent :
-Aymane Al-Zawahiri, le N°1 d’Al Qaida depuis l’élimination d’Oussama Ben Laden le 2 mai 2011. Il résidait à l’époque en Suisse avec le titre de commandeur des groupements islamistes en Europe. Adhérant dans les années 1980 à la formation «Al-Jihad», il avait été condamné à trois ans de prison dans l’affaire de l’assaut de la tribune présidentielle lors de l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate, en octobre 1981. A sa sortie de prison, il a séjourné en Afghanistan avant de se rendre en Europe.
-Mohamad Chawki Al-Islambouli, frère du meurtrier de Sadate, Khaled Al-Islambouli. Innocenté lors du procès de l’assassinat du chef de l’Etat égyptien, il a rallié les rangs des combattants anti-israéliens au sud-Liban avant de se rendre à Peshawar. Résidant à Kaboul, Chawkat Al-Islambouli a été condamné par contumace dans le procès des «égypto-afghans».
-Talaat Fouad Kassem, porte-parole de mouvements islamistes en Europe, chargé de la coordination des activités des divers responsables et de la transmission des consignes, des instructions et des subventions entre l’Europe et les militants de base en Egypte. Condamné à 7 ans de prison au moment de l’assassinat de Sadate, il a été le premier à rejoindre les rangs des combattants islamistes afghans où il s’est distingué au sein des escadrons de la mort dans des opérations de guérilla antisoviétique. Avant le Danemark, il était responsable des groupements islamistes à Peshawar (Pakistan), point de transit des Moudjahidin vers l’Afghanistan. Talaat Fouad Kassem devrait mettre en veilleuse les activités de son bureau de Copenhague à la suite de l’attentat anti Moubarak en 1995.
A cette époque, avant d’être touchée à son tour par un attentat faisant 50 morts le 7 juillet 2005 (jour de la tenue du Sommet du G8 sur son territoire, au lendemain de la décision du Comité Olympique Internationale de lui attribuer l’organisation des Jeux Olympiques de 2012), Londres était la capitale mondiale de l’Islam contestataire, puisqu’elle comptait parmi ses hôtes les principaux opposants islamistes tels que le tunisien Rachid Ghannouchi, le soudanais Moubarak Fadel Al-Mahdi, le pakistanais Attaf Hussein (chef du parti d’opposition Muhajir Qawmi Movement (MQM)) ainsi que l’algérien Kamar Eddine Katbane (vice-président du comité du FIS (Front Islamique du Salut)).
Un prosélytisme tous azimuts s’était en effet mis en route à la faveur du choc pétrolier et de la guerre d’Afghanistan. C’est l’époque où la Ligue du Monde Islamique prend son envol et où l’Arabie Saoudite, pour briser la prééminence égyptienne dans les affaires arabes, propulse «le Conseil de coopération du Golfe» (sorte de «syndicat de défense des intérêts des émirs pétroliers du golfe proaméricain», selon l’expression en vigueur à l’époque au sein de l’opposition anti-monarchique), une instance dont seront exclus tant l’Irak que l’Iran pourtant d’importants pays pétroliers de surcroît riverains de la voie d’eau. Si le «Conseil de Coopération du Golfe» devient l’instrument de la diplomatie régionale de l’Arabie, la Ligue du Monde islamique sera l’instrument d’encadrement par excellence des communautés musulmanes de la diaspora.
Siégeant à La Mecque, dirigée statutairement par un saoudien ayant la haute main sur la formation des Imams et des prédicateurs, l’attribution des bourses d’études, le développement des instruments de communication à vocation pédagogique (diffusion du Coran et de documents audio-visuels), elle supervisera aussi la mission du «Conseil Supérieur des Mosquées» qui lui est affilié et dont la tâche exclusive est la promotion des lieux de culte dans le monde.
En Europe, la Ligue a disposé de représentations dans la plupart des métropoles (Londres, Bruxelles, Rome, Genève, Vienne, Copenhague, Lisbonne et Madrid). La pénétration des populations musulmanes s’est faite de manière stratégique par la multiplication des centres culturels et religieux et d’institutions spécialisées. L‘Arabie Saoudite a réparti ses principales institutions entre les grandes capitales européennes dans le souci d’impliquer le plus grand nombre des pays de l’Union à sa politique de sensibilisation islamique et de prévenir toute vacuité institutionnelle qui profiterait à ses rivaux. Si le Conseil Continental des Mosquées d’Europe a choisi Bruxelles pour siège, l’Académie Européenne de Jurisprudence Islamique est basée à Londres.
L’existence de la Ligue du Monde Islamique traduit alors le souci constant des dirigeants wahhabites de s’assurer la supervision de la gestion de la sphère spirituelle au sein du Monde Musulman.
Véritable structure de diplomatie parallèle, la Ligue Islamique est le précurseur et la matrice de l’Organisation de la Conférence Islamique, vaste rassemblement d’une cinquantaine de pays représentant près d’un milliard de personnes, devenu l’un des plus importants forum du Monde non occidental. Le mot d’ordre de l’époque n’était pas le «péril islamiste» ou le «choc de civilisations», mais l’alliance contre l’athéisme antisoviétique sur fond de recyclage de pétrodollars.
Pour répondre à la demande, au plus fort du Djihad Afghan, l’Arabie alloue une subvention annuelle de près de 750.000 (sept cent cinquante mille) dollars à l’Université islamique d’Islamabad dirigée à l’époque par un Recteur dont l’allégeance lui permet ainsi de superviser la production de la jurisprudence islamique d’une institution, qui constitue avec le Centre Islamique de Lahore (Pakistan), l’une des plus fécondes sources de jurisprudence du monde musulman, loin devant l’Université égyptienne d’«Al Azhar».
Le Royaume se dote même en 1984 d’une imprimerie spéciale: «Le complexe du Roi Fahd pour l’impression du Livre sacré», éditant annuellement huit millions d’exemplaires dans les principales langues de la sphère musulmane (français, anglais, arabe, espagnol, haoussa, urdu, turc), se hissant au rang de principal pourvoyeur du Livre Saint dans le monde.
Au total, durant la décennie 1980, l’Arabie éditera cinquante trois millions d’exemplaires du Coran offrant gracieusement trente six millions d’exemplaires aux fidèles de soixante dix huit pays à l’occasion du Ramadan. Vingt six millions d’exemplaires ont été offerts aux fidèles des pays d’Asie, cinq millions pour l’Afrique, un million pour l’Europe, autant pour l’Australie et pour l’Amérique et le reliquat aux pèlerins à l’occasion du pèlerinage de La Mecque.
L’Arabie Saoudite, qui a consacré durant la décennie 1980 près d’un milliard de dollars (10 milliards de FF au taux de l’époque) à l’entretien des lieux de culte, compte trente mille mosquées, quatre vingt dix Universités et Facultés théologiques, record mondial absolu par rapport à la densité de la population. Durant cette même décennie, le Roi Fahd va également procéder à l’expansion des sites situés dans l’enceinte du périmètre sacré des lieux Saints de l’Islam, décuplant leur superficie et leur capacité d’accueil, respectivement de sept cent trente mille fidèles pour La Mecque et six cent cinquante mille pour Médine, alors que simultanément l’effort se portait sur l’enseignement religieux à l’aide des deux grandes universités islamiques du Royaume: l’Université de l’Iman Mohamad Ben Saoud de Riyad qui a procédé à la formation de vingt trois mille étudiants d’une quarantaine de nationalités et l’Université Oum Al Qorah à La Mecque, (seize mille étudiants de quarante sept nationalités), se muant en autant de zélés propagateurs d’une conception saoudienne de l’Islam au sein de la communauté des pays musulmans.
Comments
Quels étaient les rapports de Sadate avec les frères avant, puis après qu’il eût succédé à Nasser?
D’où puise René NABA les informations contenues dans cet article? les F.M sont les alliés des américains? c’est une vieille chanson. Celui qui est contre les sionistes ne peut jamais l’être, on sait que tu es payé pour de tels articles.
@Abas RENIE
Bonsoir Monsiur,
J’ai la courtoisie de publier votre post en dépit des termes injurieux qu’il contient.
Si je devais me mettre à votre niveau, je vous rétorquerai la question: « Et vous d’où puisez vous vos informations.de quel droit accusez vous un journaliste sans preuve? Etes vous payé pour placer de tels post? »
La grossièreté ne grandit pas la personne qui en fait preuve. Elle témoigne de la faiblesse de son argumentation.
Il faut vous habituer à l’idée de journalistes indépendants, non mercenaires, qui puisent leurs informations de l’aveuglante actualité.
Votre analyse est sommaire. On peut très bien « être contre les sionistes », pour reprendre votre expression, contre les sionistes, « en apparence », et être en même temps leur allié souterrain. Voir à ce propos la Jordanie et le Maroc;
La photo Eisenhower-Said Ramadan est éloquente en elle même. Les Frères Musulmans étaient les alliés de la Jordanie, alliée souterrain d’Israël, et de l’Arabie saoudite, le meilleur allié des Etats Unis qui se trouve être le protecteur d’Israël. Les FM ont combattu Nasser et servi à la déstabilisation des régimes arabes alliés hostiles à l’Amérique. La révolte de Hamas par les Frères Musulmans a eu lieu en Février 1982, à cinq mois de l’invasion israélienne du Liban destinée à propulser le meilleur allié israélien du Liban, Bachir Gemayel, à la Présidence de la République.
Les Frères Musulmans étaient les alliés des monarchies arabes, les principaux bénéficiaires du travail de sape d’Israël contre les régimes nationalistes arabes.
L’Arabie saoudite, qui est « officiellement contre les sionistes », n’a jamais tiré un coup de feu conte Israël. En revanche, elle a financé l’engagement de 50.000 combattants arabes afghans dans la guerre d’Afghanistan contre l’Union soviétique, le principal fournisseur d’armes des pays du champ de bataille (Egypte, Syrie, OLP, Irak, Libye, Soudan, Algérie, Somalie).
Beaucoup de coïncidences fâcheuses? Concrètement cela relève de l’alliance objective.
Apprenez l’histoire du monde arabe, en particulier, le financement des Frères Musulmans
Et pour peu que vous soyez arabophone, je vous conseille la lecture de cet édifiant article sur les « Fréres Musulmans' »
Une étude d’un journaliste égyptien publié par le journal Libanais « Al Akhbar le 1 er octobre 2011
http://www.al-akhbar.com/node/21430
Le titre à lui seul constitue une réponse à vos injures; Les Frères Musulmans et le suivisme pro occidental »
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http://www.al-akhbar.com/node/21430
السبت 3:30 ص 01 تشرين الأول
الإخوان المسلمون : فقه التلوّن والزئبقية
محمد طعيمة
«الإسلام هو الحل» . «كلّهم» يتحدثون باسمه ، وعن وجوب تطبيقه ، ولم يلحظ معظمنا أنّ آراءهم فيه مُتناقضة . لا نتحدث هنا عن تباين مفاهيم الإسلام ولا تنوّع ، وربما تصادم ، مفاهيم مذاهبه وطوائفه ، إلى درجة تدفع إلى الحديث عن «إسلامات» ، لا عن إسلام واحد . نتحدث عن تنظيم يُفترض أنّه متماسك إيديولوجياً هو الإخوان ، لكنّه في حقيقته «إخوانات» متباينة . تباين لا يبدأ فقط بـ«شكل» الحجاب ، الذي غاب عن رؤوس زوجات وأخوات وبنات «مرشدين» ، ولا ينتهي بالموقف من المُحتل . ودائماً ، ومع كلّ «تلوّن» بتدرجاته ، تُستدعى الأسانيد «الشرعية» لتُوظف . عن التنظيم الأكبر «إعلامياً» ، نتحدث عن الإخوان المسلمين . في خطابهم ومواقفهم ، على كلّ الصعد ، تلوّن يصل إلى حد الانتهازية الصادمة . مع «الجندر» رأينا ، في تموز/ يوليو 2008 ، «امرأة» تترأس اللجنة التحضيرية لأول مؤتمرات حزبهم في موريتانيا ، لتظل «واجهة» الجماعة شهوراً عدّة ، وينادونها «الرئيسة» . وفي المغرب 3 فصائل : الجماعة الأقدم تقودها ابنة مراقبها العام ، وفي مجلس شورتها ثمانية نساء . وفي تونس ، تعهد شيخهم راشد الغنوشي احترام مجلة الأحوال الشخصية الشديدة التقدمية ، وبالمساواة «التامة» بين الجنسين .
هذا في المغرب العربي ، أما في المشرق ، فقد وصلنا مع حماس إلى تحريم استشهاد النساء «بدون محرم» ، ولـ «تقنين» نظام المطاوعة . أما مع الحركة الدستورية في الكويت ، فنحن أمام الطعن قضائياً في الانتخابات ، لمجرد ترشح «سافرات» فيها . وفي مصر ، يرفض الإخوان تولي المرأة القضاء والرئاسة و«ياريت تقعد في بيتها» ، وبالطبع هي مُغيبة عن قيادة الجماعة . على الهامش ، هناك تلوّن ثقافي «أصغر» ، فغالبية قيادات الإخوان في مصر ، تربي أولادها في مدارس وجامعات أجنبية ، بينما خطابهم لقواعدهم يعدّها غزواً ثقافياً ، وأحياناً صليبياً ، ويقاتل ضد أي تطوير للمناهج ويُدعم بقاء التعليم الأزهري على حاله المتردي . فصائل سوريا والمغرب العربي تقبل بدولة «مدنية» ، ولو قادها «شيوعي أو ملحد» ، كما يطيب لهم التوصيف . في مصر ، هدد محاميهم (صبحي صالح) بالسعي إلى عودة حسني مبارك إذا أُقرت المبادئ الحاكمة للدستور التي تحمي «مدنية» الدولة . وقبله ، تحدث أحد مرشحي الإخوان في انتخابات 2006 عن «إحياء الجزية» ، ليذكرنا بتصريحات أقدم لمرشدهم مصطفي مشهور عن الجزية وخدمة الجيش . والأمين العام للجماعة ، يهدد غير المسلمين القادمين إلى «ديار الإسلام/ مصر» للسياحة : «أسلم … تسلم» . وهم بالطبع يرفضون ترشح المصري القبطي للرئاسة .
في البحرين ، ينشط الإخوان في تجنيس السُّنة ضد مواطنيهم الشيعة ، وستجد في قائمة فضيحة التخابر الشهيرة المعروفة بـ«البدر» صحافيين مصريين ، أبرزهم «كاتبهم الأشهر» ، حتى إنّ شقيقه الأكاديمي تجنس على خلفية طائفية . وأما حماس ، فهي تحمي من يفجرون مكتبات المسيحيين ومدارسهم ، وتطلق سراح مُفجريها بعد «يومين مُناصحة» ، فأكثر من مُفجر خرج من معطفها . وضعت حماس خصومها السياسيين في خندق واحد مع «كفار قريش» ، معتبرة انقلابها فتحاً ثانياً لمكة ، وعلى تقدير «انتصار الأيادي المتوضئة» كما يقول الغنوشي ، وهو على فكرة أكثرهم تقبلاً للآخر ! فيما تحالف إخوان لبنان (الجماعة الإسلامية) مع فصيلين مسيحيين هما الأكثر عداوة للعروبة ، وقرباً لإسرائيل .
«إمارة غزة» تجربة دالة ، فـ«ديموقراطية البنادق» لم تصل إلى الاقتتال الجماعي ، رغم امتلاء ساحة المقاومة بلاعبي الاستخبارات العربية والأجنبية . حماس وحدها حينما اعتقدت ، عن سذاجة ، أنّها وصلت لـ«التمكين» ، قاتلت كل مواطنيها ، من جيش الإسلام ، شريكها في الانقلاب وفي خطف جلعاد شاليط ، إلى الجهاد الإسلامي والجبهتين الشعبية والديموقراطية وكتلة فتح «غير الدحلانية» التي يقودها أحمد حلس ، والمُتهمة رسمياً من رام الله بالتواطؤ مع انقلاب حماس . هكذا جددت سيرة الآباء المؤسسين لها ، إخوان الأردن ، حينما شاركوا في ذبح المقاومة في «أيلول الأسود».
بالمناسبة ، إعلان تأسيس الذراع العسكرية لحماس ، تزامن مع حسم الميثاق الفلسطيني ، الذي صاغه محمود درويش ، لعلمانية دولة فلسطين/ الحلم .
قبل إرهاصات انقلاب غزة ، كانت الجماعة شريكة لعقود في حكم الأردن وقبلها «مملكة» العراق . الطريف أنّ موقف إخوان بغداد من ثورة عبد الكريم قاسم كان موقف الجماعة الأم نفسه من ثورة تموز/ يوليو . والأطرف أنّ الحوار الذي دار بين عبد الناصر والمرشد الثاني حسن الهضيبي حول «تديين المجتمع» هو نفسه الذي دار بين مؤسس إخوان العراق ، محمود الصواف ، وبين قاسم .
الآن للجماعة حكم كامل في «شمال السودان» و«شطرة» من فلسطين 67، وما بقي من الصومال . وهي كذلك شريكة في حكم أفغانستان والعراق والجزائر ، وفي المغرب منذ منتصف الستينيات ، و«داعمة» لحكام البحرين واليمن ، وفي مصر مبارك «حين حاجته لها» .
إقليمياً ، لن تنتقد الجماعة «أبداً» حكام الخليج ، ولن تجد لها وجوداً «تنظيمياً» في السعودية أو قطر . إلى الأخيرة ، فرّ زوج ابنة المرشد مهدي عاكف من خدمة الجيش ، وإليها أُرسلت العروس . حتى ما قبل انتقال الربيع العربي لسوريا ، انفرد إخوان لبنان بمعاداة دمشق ، بينما تحالف معها إخوان العراق . هي ذاتها دمشق التي تحتضن إخوان غزة . قبلها , كان إخوان سوريا يتحالفون مع صدام أثناء ذبحه لإخوان العراق . أبرزهم ، حتى 3 سنوات مضت ، طارق الهاشمي ، كان في الكويت حين غزاها صدام ، يقود فرعاً إقليمياً لشركة نقل تملكها استخبارات بغداد . مع الحصار فرّ إلى لندن ونال جنسيتها ، ثم أصبح مندوباً لبرنامج الغذاء العالمي في أبو ظبي .
مع غزو صدام ، قاطع إخوان الكويت الجماعة الأم لموقفها «المائع/ المؤيد» من صدام . قبل عامين ، نسي إخوان الكويت خلافاتهم مع «الأم» ، لينضموا إلى «هارموني» (انسجام) التنظيم الدولي ، من تركيا إلى الجزائر . وعُقدت هدنة بين نظام الأسد وإخوان سوريا ، وعرف إخوان مصر التظاهر «القومي» .
انسجام كان له هدف واحد هو إنقاذ «إمارة غزة» ، فلم يتحرك أحد منهم ، نهائياً ، ضد مذابح سابقة طالت الفلسطينيين ، لا ضد «السور الواقي» ولا ضد حصار عرفات .
في خطاب توليه ، يُشدد المرشد الثامن للإخوان في مصر ، محمد بديع ، على عداء الجماعة للمشروع الصهيوني الأميركي في «أفغانستان والعراق والسودان والصومال وفلسطين ولبنان»، وعلى دورها «المقاوم» فيها ، هكذا ، كتلة واحدة .
عداء «كوميدي» ، فإخوان العراق عادوا إلى الوطن على دبابة أميركية ، ووصلوا إلى منصب نائب الرئيس بصفقة «علنية» مع حاكم العراق السابق بول بريمر ، وبرعاية «علنية» من يوسف القرضاوي . وهاجمهم مقاومو الاحتلال الأميركي بوصفهم «عملاء للاحتلال» . وأيضاً بصفقة علنية وبرعاية القرضاوي ، وصلوا إلى حكم الصومال ، تحت حماية واشنطن .
وفي السودان ، توافقوا مع واشنطن على «قسمة» الوطن إلى شمال وجنوب ، للبقاء في الحكم .
الطريف أنّ مراقبهم العام في الخرطوم يفخر بحملته على «تطعيم الأطفال» ، بوصفها مؤامرة «يهودية/ صليبية» . وهم في سوريا ولبنان ، متحالفون بطريقة متفاوتة مع أميركا/ الغرب ، ومعهم إخوان الأردن ، حتى انضمام حماس المتأخر إلى المقاومة . وإخوان سوريا تعهدوا تفاوضاً مباشراً مع إسرائيل حال وصولهم إلى الحكم . والجماعة دعمت تاريخياً النظامين الملكيين في المغرب والأردن ، بعلاقتهما «العضوية» مع تل أبيب وواشنطن . إخوان حماس يقاتلونها ، ويرسلون إليها إشارات متباينة ، وإخوان مصر يتفاوضون معها ولمؤسسهم علاقة تاريخية بها . وبينما يمتدح مهدي عاكف بن لادن ، يقاتل إخوان أفغانستان طالبان ، بعد أن انضموا إلى حكم البلاد مع الغزو الأميركي . تماماً كما أيد إخوان الجزائر الانقلاب على فوز جبهة الخلاص الأصولية ، بدعم غربي . وفي تجربتهم الأنجح ، تركيا ، يرصد الدكتور مصطفى اللباد أنّ الانضمام إلى حلف الأطلسي والاعتراف بإسرائيل واتفاقيات القواعد الأميركية ، وتوقيع الاتفاقية التمهيدية للانضمام إلى الاتحاد الأوروبي في «كنيسة»… إلخ ، كلّها تمت في عهود حكومات تُوصف بأنّ «جذورها إسلامية» . توقفنا عند «كنيسة» ، لأنّهم كانوا قبلها يزايدون «دينياً» على حكومات «علمانية» تفاوضت للغرض ذاته في المكان ذاته . تلوّنهم يتحوّل إلى خلافات «حين يأتي موعد اقتسام الكعكة» . السودان مثالهم الأوضح ، ولا يقتصر الأمر على انشقاق حسن الترابي . وفي الجزائر ، ثلاثة أحزاب إخوانية اتفقت على التمديد لرئاسة بوتفليقة لمدد مفتوحة ، لكنّها تتقاذف في ما بينها اتهامات الفساد . وفي المغرب حزبان وجماعة . وفي العراق ، تنظيم سُني وآخر كردي ، وها هي مصر تقترب من خمسة أحزاب إخوانية .
السؤال : لماذا لا يقولون : «مفهومنا للإسلام… كذا» ، ما دام «إسلامهم» بتلك القدرة الزئبقية على التلوّن ؟
إنّها السياسة إذاً ، لا الدين . هم «مُوظِّفون» له ، معهم يتحوّل الإسلام إلى إسلامات .
* المدير العام لتحرير يومية «الحرية»
المصرية (قيد الصدور)
مقالات أخرى لمحمد طعيمة :
دوائر مصر الناعمة: أرخص من الحرب
الوهابية وإخوان مصر وتاريخ التبعية للغرب
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العدد ١٥١٤ السبت ١٧ أيلول ٢٠١١
« Alliée potentielle des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, l’organisation est dissoute en 1954, au lendemain de la rencontre Saïd Ramadan-Dwight Eisenhower. Vingt mille de ses membres sont incarcérés, dont le numéro deux actuel d’Al-Qaïda, Aymane Al-Zawahiri. »
Aymane Al-Zawahiri avait 3 ans en 1954 (il est né en 1951) d’après le site wikipedia.
@Lectrice
Bonjour Madame
Le papier en question traite en 3 volets et 18 pages d’une tranche de l’histoire du Monde arabe. J’ai voulu en donner en style compact les grandes lignes, sans me livrer à une comptabilité d’épicerie
Vingt mille militants et sympathisants ont été arrêtés non pas dans la seule année 1954, mais depuis sa dissolution.
Et me référant à vos propres sources, vous rleevrez qu’il a fait deux fois de la prison en Egypte, sous le régime républicain, sous Sadate, puis sous Moubarak. J’observe qu’il est écrit
Zawahiri est né dans une famille de la classe moyenne à Maadi en Égypte, en banlieue du Caire, et est un élève studieux. À 14 ans, il rejoint les Frères musulmans (al-Ikhwan al-Muslimin), le groupe fondamentaliste arabe le plus ancien, ce qui lui vaut une arrestation un an plus tard.
puis plus loin
En 1979, il intègre le groupe radical, le Jihad islamique, et y prend des responsabilités d’organisateur et de recruteur. Il figure parmi la centaine de personnes arrêtées à la suite de l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate mais innocenté par la justice égyptienne. Il est alors relâché après avoir purgé une peine de prison de trois ans pour trafic d’armes.
rené naba,vous pensez qu’encore aujourd’hui les frères musulmans sont les alliés des américains?
J’avoue que pendant longtemps j’ai cru qu’ils pouvaient représenter une véritable alternative indépendante aux dictateurs arabes!(bien que personnellement je sois laique).
Je me sens très déprimée,car cela veut dire qu’il n’y a pas vraiment de force indépendante dans le monde arabe,que toute opposition est manipulée ou achetée par les américano-sionistes!
Dites-moi que cela n’est pas vrai?
Pensez-vous vraiment que les frères musulmans se laisseront manipuler par les américains?
Je peux concevoir qu’ils aient été les alliés des américains et séoudiens à une époque donnée,surtout pendant la répression nassérienne,mais aujourd’hui n’y a t il pas eu des changements?
Que vont -ils faire face à question palestinienne, qui est loin d’etre réglée?
Il sera difficile pour eux de faire l’impasse sur la cause palestinienne et de l’expliquer à l’opinion arabe!
Quelle est votre conviction en ce qui les concerne aujourd’hui dans les événements qui secouent le monde arabe:peuvent ils représenter une force crédible et surtout indépendante?
J’avoue que je ne sais plus trop quoi penser:il y a ceux qui prétendent que les FM sont des supplétifs américains(alors pourquoi toute cette répression contre eux?)et puis il y a ceux qui les font passer pour de véritables résistants?
Mes connaissances étant limitées sur le sujet,je fais confiance à votre jugement et votre longue expérience de journaliste.
cordialement.
PS: je partage votre détestation des régimes rétrogrades de la péninsule arabique,mais peut-on les comparer vraiment aux frères musulmans?
@sarah
Bonsoir Madame
Ma réponse à votre interrogation se trouve dans le 3eme volet de ce papier, deja publié sur mon blog.
Ainsi que vous le constaterez, il y a débat au sein de la confrérie, qui a longtemps émargé sur le budget saoudien, tout comme le FIS algérien. C’est une vérité indiscutable.
Une tendance tend à se démarquer en Egypte du sillage ancien. Elle prône désormais l’ouverture et la référence aux valeurs de la civilisation arabo musulmane. C’est une nouveauté puisque cette notion va au delà de la Chariah, en ce qu’elle tend à tenir compte des diverses composantes du spectre démographique du monde arabe, en prenant en considération l’existence de fortes minorités non musulmanes (les chrétiens arabes), des musulmans non arabes (Kurdes, Berbères), de même que des musulmans non sunnites (chiites, alaouites, druzes etc)
Le fait est que longtemps les Frères Musulmans, dans le sillage saoudien, ont eu un rôle contre révolutionnaire et rétrograde. Aux portes du pouvoir, ils se trouvent devant une rude épreuve: la gestion d’une mosaïque humaine, non seulement sur le plan idéologique ou spirituelle, mais également au quotidien, dans ses aspects pratiques et matériels à l’échelle d’une nation, avec ses projections dans ses rapports internationaux. Cela donne une autre dimension à son positionnement, infiniment plu complexe qu’une posture exclusivement contestataire.
Les Etats-Unis seraient enclin à favoriser l’accession au pouvoir des Frères Musulmans pour l’évidente raison qu’un régime républicain et laïc ou républicain avec son cortège de syndicats, de formations politiques d’opposition, développerait une forme de contestation préjudiciable aux lois du marché et à la libre entreprise, et, par ricochet, aux entreprises occidentales délocalisées dans le pays.
Je comprends bien qu’ils aient pu jouer un role contrerévolutionnaire dans le monde arabe par le passé, et qu’ils ne soient pas contre l’économie de marché,mais il me semble qu’aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du monde arabe est la question palestinienne.
Or sur ce sujet,il ne semble pas que les frères musulmans fassent partie des forces politiques qui ont envie de capituler.
Je pense que tant que la question cruciale de la palestine n’est pas résolue,ce qui est loin d’etre le cas,les américains ne peuvent faire une alliance avec les FM basée seulement sur la question économique,ce serait pour eux prendre trop de risques.
Mais peut etre que je me trompe car je n’ai pas assez d’information sur leur position sur la palestine.
Sont-ils pour un ou deux états?Comment comptent_ils réagir face au blocus de gaza s’ils sont au pouvoir en egypte?
Ils seront réellement en difficulté s’ils gouvernaient l’égypte demain, car ils devront apporter leur soutien au hamas ,ce qu’israel n’accepterait pas,ce qui pourrait relancer le conflit entre les deux pays.
L’islamisme politique est un pur produit américano-israélien fabriqué chez leurs demi-hommes et exporté à grand renfort des médias et de pétrodollars. Qui paye les femmes d’immigrés syriennes , libanaises, jordaniennes egyptiennes et autres en Arabie Saoudite, après les avoir formées au salafisme et renvoyées dans leur pays d’origine?
L’islamisme salafiste est le meilleur moyen pour maintenir les peuples dans une obéissance et une servitude volontaire et démocratique et ainsi distiller l’aveuglement et la servitude aux gouverneurs « modérés » tels que les Saoudiens et les Egyptiens. En cas de désobéissance, l’arme de l’anti-terrorisme est prête à modifier toute déviance quand ce n’est pas le takfirisme.
Nos jeunes néo-révolutionnaires qui ne connaissent rien à l’Histoire ni aux idéologies et ne comprennent rien à la notion de souveraineté et vont obtenir des tyrans plus tyranniques …
L’occident, les peuples de l’occident sont totalement inféodés à une presse monolithique. Quand il y a dissonnance ( un avis contraire à l’idée imposée par le pouvoir du capital qui finance), c’est parjure et théorie du complot.
Merci de contribuer à déranger les idées reçues et lever des barrages contre le Pacifique, car cet océan finira par faire pschitt