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Israël-États Unis : Bye Bye Barack Obama, sans regret

Le président Barack Obama quitte la scène présidentielle au terme d’un mandat de huit ans marqué par une normalisation des…

Par : René Naba - dans : Actualités Analyse - le 30 janvier 2017

Le président Barack Obama quitte la scène présidentielle au terme d’un mandat de huit ans marqué par une normalisation des relations des États Unis avec deux des principaux contestataires à l’hégémonie américaine, Cuba et l’Iran, en contrechamps d’une gestion intrigante de la séquence du «printemps arabe», complétée par le dépassement du contentieux douloureux avec le Japon (Pearl Harbor et Hiroshima), mais d’une passivité ahurissante à l’égard du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qu’il gratifiera à la fin de son mandat d’un cadeau exorbitant : Une subvention militaire de 38 milliards de dollars.

Une passivité insultante pour le leadership américain. Une complaisance corrosive pour la crédibilité et le prestige de la diplomatie américaine.

Retour sur le mandat du premier président noir des États Unis.

Le premier Prix Nobel de la Paix jamais attribué à un président en activité, -qui plus est à sa prise de fonction et non au terme de son mandat – a achevé sa double mandature présidentielle (2008-2016) par une aide record à l’un des états les plus bellicistes de la planète.

Celui qui a inauguré son mandat par un retentissant «Salam Aleikoum» au Monde arabe depuis l’Université du Caire, dans sa célèbre déclaration prononcée à la date symbolique du 4 Juin 2009, a achevé son magistère par une gratification exorbitante de 38 milliards de dollars au dirigeant le plus méprisable à son égard tout au long de sa double mandature présidentielle.

«Le nouveau départ» («A New Beginning») destiné à améliorer les relations américaines avec le Monde arabe et Musulman, en rupture avec l’ère belliciste de George Bush jr, s’est révélé être un retour en arrière et ses critiques à l’égard d’Israël, une plaisanterie de mauvais goût.

Plutôt que de rabaisser le caquet de son interlocuteur israélien, l’afro-américain a ravalé son chapeau, assortissant sa reculade d’un cadeau royal d’un président masochiste à un dirigeant xénophobe qui aura constamment bafoué son autorité et mis en échec ses tentatives de règlement du conflit israélo-palestinien.

Qualifier, de surcroît, de «géant du XXe siècle», Shimon Pérès, l’équipementier atomique d’Israël à Dimona, par ailleurs «ordonnateur de la boucherie de Cana (sud Liban)- le massacre de 106 civils libanais réfugiés dans un camp sous la protection des «Casques Bleus» de l’ONU, tués par l’artillerie israélienne, en 1996- et pire, le hisser au rang de Nelson Mandela, l’ancien doyen des prisonniers politiques dans le monde, propulsé au rang d’icône planétaire absolue des peuples en lutte pour leur liberté, relève sinon de la flagornerie bas de gamme à tout le moins d’un excès de zèle contre-productif.

« Comparer Shimon Pérès à Mandela, c’est cracher à la figure de Mandela », tonnera Rony Brauman, un des fondateurs des «Médecins sans frontières» dans un vigoureux rappel au sens de la mesure au président américain.

Pis, dans son oraison funèbre, sans doute emporté par une envolée lyrique, le président américain aura l’outrecuidance de qualifier «Jérusalem, capitale d’Israël», s’attirant un vigoureux rappel ordre du Département d’Etat, infamant pour une personnalité à un tel niveau de responsabilité.

Certes, l’adoption par le congrès de la Loi JASTA, quinze ans après le raid contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, le 11 septembre 2001, autorisant les Américains à poursuivre le Royaume saoudien en dédommagement des dégâts subis par les pirates de l’air, -dont 14 des 19 membres étaient de nationalité saoudienne-, a placé l’épée de Damoclès en suspension au dessus de la dynastie wahhabite, mais Barack Obama a, dans le même temps, cautionné l’agression saoudienne contre le Yémen et témoigné d’une certaine connivence avec les groupements djihadistes du terrorisme islamique, notamment en Syrie.

Le premier président noir des États-Unis a ainsi conforté dans son même élan de générosité de fin de mandat, sans la moindre contrepartie, un état qui traite ses propres noirs israéliens «les Falashas» éthiopiens en citoyen de seconde zone, parqués dans des ghettos, aux emplois aléatoires et résiduels.

Une aide militaire scandaleuse, destinée en priorité à massacrer davantage les Palestiniens et à poursuivre sa phagocytose de la Palestine, au mépris de la légalité internationale dont son pays en sa qualité de membre permanent des Nations Unies en a la charge de la garde et de la défense.

Trente huit milliards de dollars des États-Unis à Israël, au détriment du peuple américain, alors que près de 40 millions de citoyens afro-américains vivent au dessous du seuil de la pauvreté, et que 70 millions de citoyens américains ne disposent d’aucune couverture sociale en dépit du modeste Medicare d’Obama.

Porteur des rêves de la communauté noire des États-Unis et de tous les peuples basanés du quart monde, il n’a cessé mois après mois, année après année, de démontrer qu’il n’était qu’un BASP (Black Anglo-Saxon Protestants), une variante chromatique du WASP (White Anglo-Saxon Protestant).
Le Président le plus « cool » du Monde aura donc été, jusqu’au bout, le plus décevant au regard des espoirs qu’il avait suscités.

La résolution 2334

Pris d’un remord tardif devant tant de laxisme face au pays qui passe pour le plus important producteur de barbelés au monde, soucieux en outre de brider les pulsions expansionnistes de Benyamin Netanyahou, Barack Obama lui a adressé un coup de semonce en s’abstenant de voter- et non d’opposer son veto- à un texte dénonçant la colonisation israélienne.

La résolution 2334, adoptée au Conseil de sécurité le 23 décembre 2016, a recueilli 14 voix en sa faveur, passant grâce à l’abstention américaine. Elle fera date dans les annales diplomatiques internationales en ce que le veto américain constitue un «précédent», le premier vote en ce sens depuis un quart de siècle, très exactement depuis le Traité de Washington scellant la paix entre Israël et l’Égypte, le 29 mars 1979. Il ouvre la voie au fait que le parapluie diplomatique américain ne soit plus désormais inconditionnellement déployé pour le protection d’Israël et que le veto ne soit plus désormais acquis automatiquement pour tout ce qui a trait à l’état hébreu.

Un cadeau empoisonné à son successeur xénophobe, populiste et ultra sioniste, Donald Trump, dont l’ambassadeur désigné en Israël, David Friedmann, a annoncé son intention de s’installer à Jérusalem et non à Tel Aviv, avec à la clé une belle empoignade diplomatique internationale en perspective pour le nouvel élu lors des premiers cents jours de son mandat présidentiel.
Le nombre de colons s’élève à 590 000 en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, dont 90 000 au-delà de la barrière de sécurité construite par les Israéliens. Un projet de loi à la Knesset envisage de légaliser tous les avant-postes – colonies sauvages et illégales au regard du droit israélien, indice d’une grave dérive colonialiste israélienne, à six mois de la célébration du cinquantième anniversaire de l’occupation de la Cisjordanie, en juin 2017.

Constat d’échec ? Aveu d’impuissance ? Geste de dépit à l’égard d’un pays qui lui a gâché son bilan diplomatique ? L’admonestation tardive de John Kerry à Israël, -un pays qu’il a visité 25 fois en 4 ans de mandat-, relève de la même démarche. Une repentance au rabais d’un secrétaire d’état en fin de mission pour la désinvolture avec laquelle il a traité les aspirations légitimes du peuple palestinien, en même temps qu’un démarche destinée à couper la voie aux débordements hyper sionistes du successeur islamophobe du Président Obama. En tout état de cause, l’indice d’un vif agacement à l’égard d’un allié qui pourrait apparaître à l’avenir de plus en plus encombrant, dont les passe-droits sont à l’origine du discrédit moral des États Unis dans le tiers-monde.

La liste des résolutions de l’ONU non respectées par Israël :

À l’inverse de son prédécesseur George Bush, artisan des invasions de l’Afghanistan (2001) et de l’Irak (2003), dans le cadre de la «guerre globale contre le terrorisme», Barack Obama a multiplié les guerres par procuration contre la Libye et la Syrie, -deux pays arabes sans endettement et alliés du BRICS, particulièrement de la Russie et de la Chine en Mer Méditerranée-, développant, parallèlement, les guerres furtives par drone, amplifiant pour ce faire le déploiement de bases américaines dans le Monde : une soixantaine de bases sous son mandat dont 34 en Afrique.

Près de 500 millions de dollars ont été investis par l’armée américaine pour la formation de supplétifs arabes dans leur entreprise de balkanisation du Monde arabe, notamment en Syrie et en Irak. En Vain. Et pour prix du silence de Washington à l’encontre des crimes de guerre de l’Arabie saoudite au Yémen et ailleurs, Barack Obama a consenti la vente du matériel de guerre au Royaume d’un montant de 151 milliards lors de son double mandat présidentiel.

À Shimon Pérès, à l’époque chef du parti travailliste qui s’inquiétait du comportement provoquant d’Ariel Sharon à l’égard de l’administration américaine, l’ultra faucon premier ministre israélien de l’époque, l’inspirateur de Benyamin Nethanyahu, aurait répondu :
«Sois sans crainte à propos des pressions américaines sur Israël. Nous, le peuple juif, exerçons une emprise sur les États-Unis. Ils n’ignorent pas cette réalité. Ils ne leur est pratiquement pas possible de mettre en œuvre une politique américaine au Moyen-Orient sans l’aval des juifs américains.
«Les juifs américains maîtrisent parfaitement les médias américains et même des membres du Congrès. Le Lobby juif ne tolérera pas que le Congrès prenne la moindre mesure hostile à l’encontre d’Israël, aurait fait valoir Sharon à Perès lors de cet entretien le, 3 octobre 2001.
L’ambassade d’Israël à Washington détermine l’ordre du jour du Congrès, via les millionnaires juifs», a conclu M. Sharon.

Pour le lecteur arabophone, sur ce lien la totalité de la conversation Sharon Pérès.

Pour mémoire le montant de l’aide américaine à Israël pendant la triple mandature de Richard Nixon, Ronald Reagan, Bill Clinton, a été infiniment plus importante que le coût de la Guerre du Vietnam (1955-1975), mettant en œuvre 2 porte-avions, une flotte aérienne de 500 avions de combats et autant d’hélicoptères et un corps expéditionnaire de 500.000 combattants.

Qu’un président à la conquête d’un deuxième mandat fasse preuve de démagogie en flattant ses électeurs potentiels pourrait être compréhensible, mais qu’un président en fin de mandat, en solde de tout compte, fasse preuve de gabegie en dilapidant le budget national au bénéfice d’un allié incontrôlable et méprisant, est contre productif à long terme.

Que n’a-il laissé cette «sale besogne» à son successeur ? Pourquoi tant de gratuité envers un être méprisant et méprisable ? Crainte d’être taxé d’antisémitisme ?
Obama ou le syndrome du Bounty, non le révolté mais le soumis ?
Le titre de «meilleur allié d’Israël» n’est pas, loin s’en faut, un titre de gloire.
Songeons au destin maudit du prédécesseur de Barack Obama, George Bush jr, le pire président américain de tous les temps ;
À ses compagnons d’infortune anglais, Tony Blair et David Cameron ;
À leurs compères français, le quatuor socialiste de sinistre mémoire :

  • Guy Mollet, l’homme de Suez et d’Alger, la honte du socialisme français.
  • Lionel Jospin (Hezbollah terroriste ?), premier dirigeant socialiste éliminé au 1er tour de la compétition présidentielle, le destin brisé en pleine gloire.
  • Dominique Strauss Khan, qui se demandait chaque jour ce qu’il pouvait faire pour la «grandeur d’Israël», -et non de la France dont il était l’élu-, avant que son destin présidentiel ne trébuche sur une femme de chambre.
  • François Hollande et ses sérénades d’amour dans la cuisine du chef de la droite xénophobe israélienne, le plus impopulaire des présidents français à égalité avec son collègue post gaulliste atlantiste, le «sang mêlé» Nicolas Sarkozy, destructeur de la Libye et de la Syrie, générateur du flux migratoire massif de la rive sud de la Méditerranée vers l’Europe.

Le titre de «Meilleur ami d’Israël» constitue, à l’épreuve des faits, une abdication de souveraineté au niveau d’un état, une aliénation mentale au niveau des individus en ce qu’il annihile dans l’un comme dans l’autre cas tout esprit critique à l’égard d’un pays supposé ami.

Au delà du psychodrame électoral de la campagne présidentielle américaine 2016, et du traumatisme qu’il pourrait avoir généré au sein de larges couches de la population, les Américains sont conduits tôt ou tard à purger leurs démons et cesser de s’imaginer qu’ils pourront continuer à ponctionner éternellement le reste de la planète, à coups de bons de trésor, pour préserver leur suprématie, tout en demeurant captif d’Israël pour la détermination de leur stratégie globale ; tout en procédant à la destruction de leurs contestataires, sous forme de «chaos constructeur», pour la survie de pétromonarchies décriées et déconsidérées, aux antipodes des valeurs de la démocratie américaine.

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