Les Fonds vautours et le bradage des terres arables, sur fond d’évasion de capitaux
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L’Argentine a conclu le 1er Mars 2016 un accord avec les fonds vautours, qui bafoue les résolutions de l’ONU sur les dettes souveraines et ressemble fort à une extorsion. Les vautours ont dicté leurs conditions en contrepartie d’un rabais de 25%
Argentine, Grèce, Afrique… Les Fonds vautours fondent, tels des rapaces, sur les proies offertes à eux par les lois d’airain de l’hypercapitalisme, dans la pure tradition du capitalisme sauvage qui a marqué l’essor de la société industrielle occidentale, lors de la conquête de Far West américain et le pillage coloniales des autres continents.
Retour sur ce phénomène particulièrement sur le rôle perverse du fonds Elliott du milliardaire Paul Singer.
L’argentine, 3e pays d’Amérique du sud à subir les rigueurs du formalisme juridique des États-Unis et de son ordre ultra capitaliste
La décision de la Cour suprême des États-Unis, en juin 2014, enjoignant à l’Argentine de régler sa dette à ses créanciers au taux nominal et non au taux effectif remet en mémoire la nature fondamentalement prédatrice des Fonds vautours.
L’Argentine est le 3e pays latino-américain, après le Pérou et le Nicaragua, à subir les rigueurs du formalisme juridique des États-Unis et de son ordre ultra capitaliste. Le continent sud-américain a été, en effet, le premier terrain de chasse de ces «fonds-charognards». En 1999, le Pérou a été contraint par la Cour d’appel de New York à payer 58 millions de dollars au fonds vautour Elliott Associates pour une dette rachetée seulement à 11 millions de dollars. La même année, une juridiction étasunienne a condamné le Nicaragua à payer 87 millions de dollars pour une dette rachetée par le fonds Leucadia à 1,14 million de dollars, soit une plus-value de 7500%.
La crise de la dette a constitué une aubaine pour les fonds vautours, qui leur a donné la possibilité de racheter pour une bouchée de pain des créances impayées sur les pays en développement et accroître leurs gains en les attaquant en justice, une fois que ces pays auront retrouvé un peu d’oxygène financier.
Ce fut un véritable coup de tonnerre dans le ciel argentin. Buenos Aires, qui avait fondé tous ses espoirs sur la Cour Suprême américaine, a vu sa condamnation confirmée dans le procès qui l’oppose à des fonds spéculatifs. La Cour a refusé de s’impliquer dans cette affaire, qui a pris des allures de psychodrame planétaire. L’Argentine doit donc rembourser 1,3 milliard de dollars à ces fonds.
Le fonds Elliott du milliardaire Paul Singer
Elliott est le plus célèbre d’entre eux. Fondé par le milliardaire américain Paul Singer, il a connu la notoriété par un coup de maître: Mettre la main sur des titres obligataires argentins lorsque ceux-ci ne valaient quasiment rien, du fait de la faillite du pays en 2001, et obtenu de la justice américaine une décision favorable. Les juges de New York ont ordonné à Buenos Aires de rembourser le fonds à 100 %, et non à hauteur du prix que celui-ci a réellement payé.
Plus rocambolesque encore, les juges ont déclaré que la seule façon légale d’échapper à cette injonction était, pour l’Argentine, de ne plus payer aucun de ses autres créanciers. En somme, de se déclarer en défaut de paiement.
Un comble pour un pays qui est passé par deux accords de restructurations de dette, en 2005 et 2010, et qui vient, après des années de négociations de conclure un accord pour apurer sa dette envers le Club de Paris (qui réunit la France, l’Allemagne, le Japon..). L’Argentine, dont les réserves de changes fondent, craint de devoir rembourser beaucoup plus que 1,3 milliard de dollars si d’autres investisseurs s’engouffrent dans la brèche.
L’Afrique, proie de choix des Fonds vautours et sa parade «La facilité africaine de soutien juridique»
L’Afrique est, elle aussi, depuis des années la proie préférée des fonds vautours: ces fonds d’investissement privés qui extorquent en toute légalité des ressources financières vitales pour le développement des pays du Sud. Leur méthode consiste à racheter à très bas prix, sur le marché secondaire de la dette, des dettes de pays en développement à leur insu pour ensuite les contraindre par voie judiciaire à les rembourser au prix fort, c’est à dire le montant initial des dettes, augmentées d’intérêts, de pénalités et de divers frais de justice.
Ces prédateurs de la finance, basés majoritairement dans les paradis fiscaux, auraient déjà engrangé au minimum 2 milliards de dollars. Leur funeste entreprise pointe en justice une dizaine de pays africains dans une cinquantaine de procès. Pour y parer, une structure de soutien a été mise sur pied œuvre sinon pour neutraliser les raids des fonds vautours, à tout le moins en réduire les effets: La «Facilité africaine de soutien juridique» (en anglais ALSF: African Legal Support Facility) désigne le Fonds international initié par la BAD pour fournir l’assistance juridique aux États attaqués par les fonds vautours. Constitué le 29 juin 2009 à Tunis, ce Fonds n’est pas exclusivement destiné aux pays africains puisqu’il sera mis à la disposition de tous les États membres de la BAD (77 au total dont 53 africains) mais aussi aux pays non-membres qui en feraient la demande comme ceux d’Amérique latine, victimes également des fonds vautours.
L’évasion fiscale: une hémorragie substantielle
Aux fonds vautours se superpose l’évasion fiscale. L’hémorragie est substantielle, infiniment supérieure au budget affecté aux dépenses d’infrastructure en Afrique. 90 milliards de dollars quittent, en fraude, chaque année l’Afrique pour enrichir les riches pays occidentaux ou se nicher dans les paradis fiscaux, appauvrissant d’autant le continent, dont le déficit annuel de financement de l’infrastructure s’élève à 31 milliards de dollars par an.
En surcroît aux nombreux maux dont pâtit l’Afrique, un mal est plus que tout autre corrosif et ravageur: l’incivisme en ce que l’Afrique, plus que tout autre contient, a subi de plein fouet les effets pervers de la colonisation, la dépossession et l’exploitation. La situation est si alarmante que l’Union Africaine a invité les états membres de l’organisation continentale africaine pour prendre les mesures appropriées pour freiner la fuite des capitaux qui prennent la dimension d’une hémorragie. La somme exportée au titre de flux financiers non déclarés par les pays en développement, chaque année, est «près de dix fois les flux d’aide internationale annuelle et deux fois le montant de la dette annuelle des pays en développement», indique un rapport du Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA), publie par la revue «Afrique Asie», en date de Mai 2014.
Les milliardaires d’Afrique
Autre incongruités: l’Afrique compte 55 milliardaires, un nombre supérieur aux prévisions encore qu’il s’agit d’une «estimation basse», estime le fondateur de Ventures, Chi-Chi Okonjo dans son édition en date du 7 octobre 2013.
Le Nigeria est le pays qui en compte le plus, avec 20 milliardaires ayant généralement fait fortune dans le pétrole. Viennent ensuite l’Afrique du Sud et l’Égypte, avec respectivement neuf et huit milliardaires parmi leurs concitoyens.
Si l’Afrique compte de plus en plus d’hommes très riches, la crise mondiale et la pauvreté ne reculent pas pour autant. L’Afrique sub-saharienne, qui comptait 205 millions d’habitants vivant dans un état d’extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour) en 1981, en comptait 414 millions en 2010, soit plus du double, selon la Banque mondiale. Selon Ventures, certaines grandes fortunes du continent refusent d’évoquer leur richesse parce qu’elles souhaitent rester discrètes sur leurs affaires et que leurs relations avec le pouvoir ne sont pas toujours claires. Cela explique peut-être pourquoi le classement 2012 de Forbes, qui retrace en quelques lignes le parcours des plus grands millionnaires d’Afrique, ne donne pas exactement les mêmes résultats.
Les deux magazines s’accordent néanmoins sur l’homme le plus riche d’Afrique. Il s’agirait de l’entrepreneur nigérian Aliko Dangote. Ce dernier serait à la tête d’une fortune de 20,2 milliards de dollars. Son empire industriel comprend des usines de farine, de sucre, d’autres denrées alimentaires et du ciment.
Le Maroc compte, à lui seul, 6 milliardaires dans le Top 50: Othman Benjelloun, Miloud Chaabi, Anas Sefrioui, Moulay Hafid El Alami et Alamy Lazraq, ainsi que le surprenant Aziz Akhannouch. Le ministre de l’Agriculture et propriétaire du groupe Akwa détient une fortune estimée à 1,4 milliards de dollars.
Ce conglomérat marocain de plusieurs milliards de dollars a des intérêts dans le secteur pétrolier, le gaz et les produits chimique, ainsi que les médias, l’immobilier et l’hôtellerie. Othman Benjelloun reste, toutefois, une nouvelle fois en tête au niveau du royaume avec 2,8 milliards de dollars. Sur le plan africain, il est classé en 10e position alors qu’il était 7e en 2012. Le président de la BMCE et propriétaire de l’assureur RMA Watanya est suivi de Miloud Chaabi qui détient une fortune estimée à 1,9 milliard de dollars. Le numéro 2 au Maroc arrive en 17e position sur le continent contre une 12e place un an auparavant.
La première femme en 24e position du classement
Selon Ventures, Folorunsho Alakija, également nigériane, serait la femme la plus riche d’Afrique. Cette dernière n’apparaît cependant qu’en 24e position dans le classement de Forbes. Sa compagnie pétrolière, Famfa Oil, exploiterait un des blocs pétroliers offshore les plus prolifiques du Nigeria. Styliste de formation, elle aurait obtenu ce dernier à un prix relativement bas en 1993 grâce à son amie Maryam Babangida, épouse de l’ancien dirigeant militaire Ibrahim Babangida.
Du côté de l’Afrique du Sud, les cinq plus gros milliardaires sont des Blancs âgés de plus de 60 ans. Ils ont fait fortune dans la finance et la distribution et tirent une large partie de leurs revenus de leurs investissements à l’étranger (Londres, New York, Zurich). Classé 5e dans Ventures et 2e dans Forbes, Nicky Oppenheimer doit sa fortune, estimée à 6,5 milliards de dollars, aux mines de diamants dont il a hérité et dont il s’est séparé récemment.
Le capitalisme: Un grand avenir en Afrique, sous réserve de la globalisation des entreprises africaines
L’Afrique dispose d’un immense potentiel, propulsé par la démographie, la productivité et le capitaux: 6 des 10 pays du monde ayant la plus forte croissance sont africains et, en 2012, cinq ont dépassé la Chine et vingt et un l’Inde, alors que l’Afrique contribue encore pour moins de 2% aux échanges mondiaux.
En dépit de ces handicaps, le capitalisme a un grand avenir en Afrique, sous réserve que les entreprises africaines deviennent «globales». Le constat, catégorique, émane du très sérieux «Boston Consulting» dans un rapport de 2010 intitulé «The African Challengers».
Masquant mal sa vision ultra libérale de l’Afrique, la prestigieuse institution nous ressert la rengaine du consensus de Washington et son prolongement le consensus de Bruxelles, si désastreux en coûts humains pour l’économie occidentale avec ses quatre prescriptions (privatisation, déréglementation, dérégulation, fléxibilisation). Le développement, l’éducation et le niveau de vie suivront si les pays «suppriment les barrières des investissements étrangers», estime le rapport sans trop se préoccuper de l’intérêt des populations ou de la concordance de leur intérêt et celui des entreprises.
Le credo est rodé: L’avenir de l’Afrique repose sur la globalisation de ses entreprises. Pour le Boston Consulting Group (BCG) cela ne fait aucun doute. «Le capitalisme produit des gagnants et des perdants, et il y aura certainement des moments difficiles en chemin pour les compagnies africaines» mais peu importe finalement puisque «le futur est radieux pour un continent qui commence à peine à contracter ses muscles capitalistes», prédit le rapport.
Les Lions, plus forts que les Tigres ou le BRIC.
Les auteurs expliquent que la vision d’une Afrique qui a été «au plus bas tellement longtemps qu’il sera difficile de remonter un jour» est aujourd’hui dépassée. Le continent a connu une croissance économique de 5,3% en moyenne entre 2000 et 2008. En 2009, au moment où les économies occidentales et, dans une moindre mesure asiatiques et sud-américaines, reculaient, l’Afrique voyait son PIB augmenter de 2%. Entre 2000 et 2010, les exportations ont progressé de manière constante. «En termes d’espérance de vie, d’alphabétisation, et de niveau de vie, les Lions Africains sont comparables aux pays du BRIC ou aux Tigres Asiatiques» et «la facilité pour faire des affaires est approximativement similaire», est-il écrit. Parmi les «lions africains», sélectionnés sur la base de facteurs socio-économiques dont le PIB, figurent l’Algérie, l’Égypte, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud et le Botswana.
Corruption
Deux cas illustrent cette forme lancinante de la gangrène africaine: Le Sénégal en ce que son président d’Abdoulaye Wade, fut un universitaire brillant, professant un enseignement marxiste en contradiction avec son comportement à son passage au pouvoir. La Guinée Équatoriale en ce que le président de ce pays parvenu un tardivement à la richesse pétrolière a développé un comportement de «parvenu».
Sénégal: Les fonds acquis de manière illicite par Karim Wade sont estimés à 700 milliards FCFA. Une fortune amassée au moyen de prises illégales d’intérêt dans plusieurs sociétés s’activant au Sénégal dans les secteurs des transports aérien et maritime.
La justice a par ailleurs saisi 47 milliards d’une ex-sénatrice du PDS Aida Ndiongue, 47 milliards 675 millions FCfa, découverts par des enquêteurs dans sept coffres, des comptes bancaires et des sociétés appartenant à la femme d’affaires proche de l’ancien président Abdoulaye Wade, dont «des bijoux d’une valeur estimative de 15 milliards de FCfa.
Guinée équatoriale: La justice française a saisi, en septembre 2011, une quinzaine de voitures de luxe : Ferrari, Maserati, Porsche, Bentley… appartenant toutes à Teodoro Nguema Obiang (TNO), dit Teodorin, fils du Président de Guinée Équatoriale. En février 2012, ce sont 3 pleins camions de biens de luxe, dont du mobilier d’époque, des œuvres d’art, des bouteilles de vin millésimé.
Les transferts de fonds
Les émigrés africains transfèrent chaque année 40 milliards de dollars dans leurs pays d’origine, mais le manque d’information, de concurrence et de régulation empêche cet argent d’agir pleinement sur le développement. Selon l’ONG Overseas Development Institute, L’Afrique perd entre 1,4 et 2,3 milliards de dollars par an en frais de transferts excessifs, selon Overseas Development Institute.
«L’Afrique subsaharienne est la région la plus pauvre au monde mais elle essuie les frais de transfert les plus élevés. Les frais sont en moyenne de 12% sur les transferts de 200 dollars US, ce qui équivaut quasiment au double de la moyenne mondiale», précise cette ONG basée à Londres. L’ODI cite le «manque de concurrence» pour expliquer ces coûts élevés, puisque seules deux sociétés de transfert de fonds -Western Union et MoneyGram- contrôlent le marché des virements à l’étranger. «Cette surtaxe sur les transferts détourne les ressources dont les familles ont besoin pour pouvoir investir dans l’éducation, la santé et la construction d’un avenir meilleur. Elle fragilise un lien vital pour des centaines de milliers de familles africaines», estime Kevin Watkins, le directeur de l’ODI.
Le rapport calcule que l’alignement des frais pour les Africains sur la moyenne mondiale produirait suffisamment de revenus pour financer la scolarisation de quelques 14 millions d’enfants, soit presque la moitié des enfants non scolarisés en Afrique subsaharienne, et pour fournir de l’eau potable à 21 millions de personnes.
Résultat, le marché des transferts est détenu à 64 % par deux acteurs seulement, Western Union et MoneyGram. Faute de concurrence, le taux des commissions est d’environ 10 % en moyenne en Afrique, où il peut même atteindre 25 %, contre 5,6 % en moyenne dans le monde.
L’agence des Nations unies propose de transformer les bureaux de poste en points de retrait, alors qu’ils n’en ont aujourd’hui pour la plupart ni le droit ni les moyens. L’IFAD vient de signer un accord avec l’Universal Postal Union pour travailler en ce sens.
D’autres solutions existent. Au Kenya, le téléphone mobile devient un des moyens les plus économiques d’effectuer des transferts d’argent. Le Kenya est aussi un des rares pays à autoriser les institutions de micro-finance à opérer ces envois de fonds.
Dans toute l’Afrique, ces organismes ne forment que 3 % des points de retrait. Leur ouvrir le marché des transferts suffirait à doubler le nombre de guichets, selon l’IFAD. Surtout au lieu d’un simple mécanisme de consommation, « cela créerait une dynamique locale d’épargne et de microcrédit, qui donnerait une tout autre dimension à l’économie », estime l’institution.
À la lumière de la jurisprudence concernant l’Argentine, il y a fort à parier que de nouveaux fonds vautours vont faire surface, tant est lucratif ce «business de la dette». La Facilité africaine de soutien juridique ne sera certainement pas en mesure de secourir tous les pays tombés dans l’escarcelle des fonds vautours. D’autres mesures devront être prises pour stopper l’hémorragie et enfin éradiquer ces prédateurs.
La lutte contre les fonds vautours doit se mener partout, au Sud comme au Nord. Pour être efficace, les États ont intérêt d’adopter immédiatement des lois visant à enrayer leurs actions mortifères. Une gangrène que ne saurait compenser l’important flot de transfert opéré par les migrants africains à destination de leur natal, de l’ordre de 40 milliards de dollars par an, soit la somme équivalente aux intérêts de la dette payés annuellement par l’Afrique à ses créanciers.
Autre plaie de l’économie africaine: le bradage des terres arables
Depuis 2006, près de 20 millions d’hectares de terres arables ont fait l’objet de négociations dans le monde car d’ici à 2050, la production agricole devrait croître de 70 % pour répondre à l’augmentation de la population, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Mais cette offensive sur les terres ne se fait pas sans dérapages. Le recadrage des investissements s’impose, faute de quoi ils risquent de déséquilibrer le pays cible, à l’image des visées du coréen Daewoo à Madagascar.
Aux fonds souverains d’états soucieux d’assurer leur stratégie d’approvisionnement, parmi lesquels les pays du Golfe ou la Chine, se sont ajoutés des investisseurs privés, locaux ou étrangers. Les acquisitions de terres se sont accélérées avec la crise alimentaire de 2008. L’Arabie saoudite a mis sur pied une société publique pour financer les entreprises privées du royaume qui achètent des terres à l’étranger.
Au Mali, les nouvelles mises en culture bénéficient surtout aux investisseurs libyens. L’octroi de 100 000 hectares à la société Malibya, liée à l’ancien dirigeant libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, a fait grand bruit. « Les hectares des Libyens sont au début des canaux d’irrigation, ils seront servis en eau avant nous ». Les producteurs redoutent aussi les intentions des Chinois de développer la canne à sucre, gourmande en eau. Ils en cultivent déjà 6 000 hectares et contrôlent la sucrerie Sukala, résume Mamadou Goïta, de l’ONG malienne Afrique verte.
Fonds vautours, évaporation de recettes, corruption, gabegie des transferts des fonds des migrants, bradage des terres arables. L’Afrique est-elle condamnée à demeurer un tonneau des danaïdes?
Pour aller plus loin
http://www.madaniya.info/2015/06/21/israel-et-larabie-saoudite-deux-grands-colonisateurs-de-la-planete/