Assef Chawkat : un personnage encombrant, le boulet du régime alaouite.
Paris- Un attentat-suicide a visé, mercredi 18 juillet à Damas le centre du pouvoir syrien, emportant l’une des figures le…
Paris- Un attentat-suicide a visé, mercredi 18 juillet à Damas le centre du pouvoir syrien, emportant l’une des figures le plus emblématiques du clan Assad, le général Assef Chawkat, le propre beau-frère de Bachar Al-Assad, et, ce faisant, pour cruel et indécent que soit le constat, il débarrasse le président d’un personnage encombrant, d’un gros boulet dont les excès ont constamment desservi le régime.
L’attentat, qui aurait été mené par un membre de la garde rapprochée d’un des participants à une réunion du Conseil national de sécurité, a emporté plusieurs hauts responsables de l’appareil militaro sécuritaire syrien, notamment le ministre de la défense, Daoud Rajha et le responsable de la cellule de crise chargée de la rébellion, le général Hassan Turkmani.
L’attaque, -revendiquée simultanément par deux formations, l’Armée Syrienne Libre (ASL) et Liwa’ Al-Islam, un groupe islamiste dont le nom signifie «La brigade de l’islam»- est la plus spectaculaire meurtrière opération contre le régime depuis le déclenchement des hostilités.
Survenant deux semaines après la défection d’un membre du premier cercle du pouvoir baasiste, le général Manaf Tlass, officier supérieur de la garde présidentielle et fils de l’ancien ministre de la défense, le général Moustapha Tlass, elle tend à donner une plus grande visibilité à une opposition gangrénée par ses divisions et à galvaniser leurs ardeurs combatives.
Intervenant dans un climat exacerbé par l’épreuve de force diplomatique à l’ONU entre l’alliance occidentalo-pétromonarchique et leurs adversaires russes et chinois, elle tendrait à accréditer l’idée d’un régime sur la défensive, en perte de maitrise de la situation et inciter, du coup, les Occidentaux à chercher à vouloir forcer la décision finale en Syrie, en vue de couper court à la contestation qui se fait jour dans la zone chiite du Royaume Wahhabite, notamment le secteur d’Al Qatif, où de violents heurts ont opposé à la mi-juillet des activistes saoudiens aux forces de l’ordre dans le mutisme quasi général de la presse occidentale.
Assef Chawkat
Epoux de Bouchra, l’unique fille de l’ancien président Hafez al-Assad, fondateur de cette dynastie républicaine, Assef Chawkat, est l’ancien chef des services de sécurité dont les Occidentaux réclamaient la tête en compensation de l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri.
Perçu comme une pièce rapportée par le clan, Chawkat a entretenu des relations houleuses avec le frère cadet du président, le colonel Maher, le nouvel homme fort du régime, au point que le benjamin de la fratrie a blessé à l’estomac son beau-frère, d’un coup de pistolet en 1999, en plein palais présidentiel.
Réputée autoritaire, Bouchra passe pour nourrir une forte intimité à l’égard de l’épouse de Bachar et, prétention abusive, se rêvait en Première dame de Syrie en substitution d’Asma, fille d’un médecin de la grande bourgeoisie syrienne, ancienne spécialiste des transactions boursières dans un établissement londonien, à la forte présence médiatique, infiniment plus populaire et pertinente. Le clan alaouite au pouvoir en Syrie est articulé autour de l’alliance scellée entre deux familles Al-Assad et Makhlouf, concrétisé par le mariage de Hafez Al-Assad et Anissa Makhlouf.
Rami Makhlouf
Cousin du président Bachar, est le fils du général Mohamad Makhlouf, pro consul de la région nord de Syrie du temps de la mandature de Hafez al Assad, qui choisit de soutenir le président, lors de la guerre fratricide qui opposa Hafez à son frère cadet Rifa’at, à l’époque chef des troupes spéciales «Saraya ad dif’a» responsable à ce titre de la répression du soulèvement de Hama, en 1982, qui fit plusieurs milliers de morts.
Dénommé «Roi de Syrie» Rami Makhlouf est un richissime homme d’affaires. Il incarne, à ce titre, la corruption et le népotisme du régime. Depuis mle début de la contestation populaire anti assad, il a déclaré renoncé aux affaires mpour se consacrer aux œuvres caritatives.
Quant aux autres membres de la fratrie, L’ainé Bassel, destiné au départ à succéder à son père, a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Le frère cadet du fondateur de la dynastie, Rifa’at Al Assad, ancien vice-président de la république, est entré en dissidence fin 1983. Il vit en exil en Espagne. Ses deux fils, Sumar et Ribal, organisent depuis Londres la campagne médiatique contre le régime via la chaine de télévision ANN TV, (Arab Network News). Deux autres cousins Mounzer et Fawwaz Al-Assad, fils de Jamil Al Assad, cousins germains du président, se comportent en chefs de milices dans les montagnes alaouites, berceau de la famille, à l’ouest du pays.
Ses deux fils, Sumar et Ribal, organisent depuis Londres la campagne médiatique contre le régime via la chaine de télévision ANN TV, (Arab Network News). Selon les révélations Wikileaks, cette chaîne aurait obtenu des subventions de l’administration américaine pour une campagne de désinformation contre le régimle baasiste. Deux autres cousins Mounzer et Fawwaz Al-Assad, fils de Jamil Al Assad, cousins germains du président, se comportent en chefs de milices dans les montagnes alaouites, berceau de la famille, à l’ouest du pays.
Manaf Tlass et la diplomatie saoudienne du «carnet de chèques»
Dans le même ordre d’idées, Manaf Tlass constitue à ce jour la plus grosse défection médiatique du régime baasiste en dix-huit mois de déstabilisation anti syrienne.
La désaffection entre le play boy et son compagnon de jeunesse Bachar s’est progressivement installée au fur et à mesure que la solution sécuritaire prenait le pas sur le règlement politique. Manaf s’était mis à l’écart depuis près d’un an à la suite de l’exil à Doubaï de son frère aîné Firas, fournisseur en équipement de l’armée syrienne. Farouk Al Chareh, le vice-président de la République syrienne en titre, programmé en sa qualité de sunnite pour piloter dans le schéma occidental la période transitoire post-Assad, aurait adopté la même attitude.
La «diplomatie du carnet de chèques» a été, de tous temps, maniée par les Saoudiens, pour restaurer le pouvoir sunnite tant à Beyrouth qu’à Damas.
Au-delà du cas de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, artisan de la délocalisation de l’intégrisme wahhabite dans une société pluraliste, les deux cautions sunnites inamovibles du pouvoir alaouite, pendant quarante ans, le général Moustapha Tlass, ministre de la Défense, et Abdel Halim Khaddam, Vice-président de la république et ministre des Affaires étrangères, deux personnalités de premier plan présumées socialistes du régime baasiste, ont cédé aux sirènes des pétrodollars saoudiens, avant de se désintégrer.
Le militaire laissera convoler sa fille Nahed, une belle tige de la société syrienne, vers le septuagénaire marchand d’armes saoudien Akram Ojjeh, avant de sombrer dans le comique d’un problématique doctorat universitaire parisien.
Son héritier Manaf Tlass, général au sein de la garde républicaine syrienne, scellera sinon la rupture du moins le désaveu de la famille Tlass avec le clan Assad, avec l’annonce de sa défection à Paris, fin juin 2012, à l’occasion de la «Conférence des amis de la Syrie» chapeautée par la France.
Mais en choisissant comme lieu d’exil, Paris, la capitale occidentale la plus active dans le combat anti Assad, Manaf a franchi un point de non-retour, mettant un terme à près d’un demi-siècle ans de prédation conjointe de l’économie syrienne, témoignant de son vif dépit de son absence de promotion au grade de général de division lors de la promotion annuelle de juillet. Manaf est en 9e position à l’échelle des responsabilités du Quartier général du Mont Qassiyoune qui commande la défense de Damas.
Exfiltré via Beyrouth, selon toute vraisemblance sous la supervision des services de Daniel Pitton, ancien ambassadeur de France au Liban et directeur de cabinet de Laurent Fabius, ministre socialiste des Affaires étrangères, maître d’œuvre de précédentes exfiltrations de servants français de la bataille de Bab Amro (Homs), en février 2012, Manaf Tlass paraît destiné, dans le schéma occidental, en cas de réussite de la déstabilisation de la Syrie, au rôle de futur chef fédérateur de la Syrie post baasiste, un vœu secret de l’Arabie saoudite, avec pour mission de coopérer avec le bloc atlantiste dans la lutte contre la dissémination des armes toxiques, y compris à l’égard du Hezbollah Libanais. Cet ancien membre du premier cercle du pouvoir baasiste paraît proche des thèses de l‘opposition interne représentée par l’activiste Michel Kilo. A tout prendre, son engagement dans l’arène diplomatique en faveur d’une transition politique du pouvoir, sans intervention extérieure, donnerait du relief à une coalition oppositionnelle apparue jusqu’à présent, au vu de ses prestations, comme une conjuration de cloportes de supplétifs de l’équipée atlantiste. Il reléguerait à l’arrière-plan la cohorte des théoriciens de pacotille des opposants de la dernière heure.
Quant à l’autre transfuge célèbre, également sunnite, le bien nommé Abdel Halim Khaddam, dont le patronyme en arabe signifie littéralement «le serviteur», il reniera singulièrement son militantisme après avoir abusivement ponctionné le Liban, opérant par cupidité la plus retentissante reconversion de l’histoire politique récente, finissant sa vie en factotum de son coreligionnaire sunnite libanais Rafic Hariri.
Vice-président de la République sous Hafez Al-Assad, il sera l’un des plus fermes opposants à la politique d’ouverture prônée par Bachar à la succession de son père, dont il redoutait les conséquences comparables à la perestroïka soviétique. A Paris, il fera alliance avec les Frères Musulmans syriens, la bête noire du régime, et se targue de mener, depuis Paris, un combat pour la restauration de la démocratie en Syrie, après avoir abusivement ponctionné l’économie libanaise, en partenariat avec Rafic Hariri, l’ancien premier ministre libanais assassiné.
Fondateur en 2006 du Front de Salut national (FSN), il est condamné par contumace en 2008 par un tribunal militaire syrien pour avoir notamment «organisé un complot en vue de renverser le pouvoir politique.
M. Khaddam a été amplement gratifié de sa forfaiture d’un somptueux cadeau, -la résidence du nabab pétrolier grec, Aristote Onassis, sur la plus célèbre artère de la capitale française, l’Avenue Foch-, alors que le compère français de Hariri, l’ancien président Jacques Chirac avait droit à un appartement avec vue sur Seine, Quai Voltaire à Paris, pensionnaire posthume de son ami, dont l’assassinat résulte vraisemblablement du grand basculement opéré par le président français dans la foulée de l’invasion américaine de l’Irak.
Curieux destin que celui des sunnites syriens, les familles Khaddam et Tlass, qui auront activement participé à la prédation de l’économie syrienne et qui pourraient se voir propulser au rôle de sauveur de la Syrie, du fait de leur appartenance sunnite, exonérés de leurs turpitudes antérieures de leur seul fait sunnite, exclusivement du fait de cette appartenance sunnite et de leurs connexions saoudiennes, en dépit des nombreux griefs qui pèsent sur eux. Une communautarisation instrumentalisée par la France au Liban, reprise par les occidentaux sur l‘ensemble arabe en vue d’entraver l’avènement d’une société démocratique et laïque.
Cauda
La polémologie du Moyen orient recense de nombreux attentats infiniment plus spectaculaires et meurtriers que l’attentat de Damas du 18 juillet 2012, dont voici les plus importants 1986- Attentat d’Aden ourdi par le propre premier ministre Ali Nasser Mohamad contre ses rivaux entrainant la décapitation de toute la hiérarchie marxiste du Yémen sud, provoquant par ricochet une guerre civile et la fuite de M. Ali Nasser vers damas. 1981- attentat des Moujahiddine Khalq contre le centre du pouvoir à Téhéran, entraînant l’élimination des certains des principaux dirigeants la hiérarchie politico religieuse de la République islamique iranienne. 1982 – Double attentat de Beyrouth contre le Quartier général des forces américaines et le Drakkar, le PC français, provoquant une hécatombe, fauchant près de quatre cents soldats et civils. 1983 – Attentat de Beyrouth contre l’ambassade américaine provoquant la décapitation de l’Etat-major de la CIA au Moyen orient. 1984- Attentat contre le QG israélien à Tyr, faisant deux vingt victimes, dont le commandant des forces israéliennes au Sud Liban.
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Trés bel article, tout simplement présenté par un homme dont l’esprit est rester libre. Je vous félicite vivement.