Saturday, November 23, 2024
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La lutte pour le pouvoir dans le Sud Yémen pro soviétique

Point d’ancrage de l’Union soviétique dans le Golfe, le Sud Yémen est le théâtre d’un sanglant règlement de comptes au…

Par : René Naba - dans : Flashbacks Yémen - le 1 janvier 1986

Point d’ancrage de l’Union soviétique dans le Golfe, le Sud Yémen est le théâtre d’un sanglant règlement de comptes au sein de l’équipe dirigeante qui se serait déjà soldé, selon les informations diffusées par Radio Aden, par l’exécution de deux des chefs historiques du pays et artisans de son indépendance, il y a 19 ans.

Figures de proue du Mouvement nationaliste arabe aux côtés de Georges Habbache, le chef du Front populaire pour la Libération de la Palestine, (FPLP) et animateurs de la lutte clandestine contre la présence britannique à Aden, M. Abdel Fattah Ismaïl, l’idéologue, et le Colonel Ali Antar, le militaire, étaient, en effet, les compagnons d’armes de l’actuel président, le gestionnaire pragmatique Ali Nasser Mohamad. Côte à côte tant dans la guérilla anti-britannique que dans la lutte pour le triomphe des thèses soviétiques dans l’unique régime communiste du monde arabe.

Leur exécution a été annoncée lundi par la radio sud-yéménite à la suite de ce qu’elle a présentée comme un «coup d’état».

Après avoir évincé l’aile droite du Front National de Libération du Sud Yémen (FLNSY), ces trois hommes (Abdel Fattah Ismail, le Colonel Ali Antar et Ali Nasser Mohamad) ‘étaient par la suite ligués pour éliminer le président de l’époque Salem Robaye Ali , -«Salmine», son nom de code du temps de la clandestinité»-, soupçonné de nourrir des sympathies prochinoises et de rechercher une normalisation avec son grand voisin, l’Arabie saoudite, chef de file des pays conservateurs proaméricain du Monde arabe.

Yémen Sud- coup, flt2 : La lutte pour le pouvoir dans le sud Yémen

L’épreuve de force engagée pour le pouvoir en République Populaire et Démocratie du Yémen constitue en fait l’aboutissement d’une longue crise ouverte il y a quatre ans au sein de ce triumvirat et qui avait été marquée, dans un premier temps, par l’éclipse de Abdel Fattah Ismaïl, secrétaire général du parti unique.

Exilé à Moscou, il reviendra au bout de trois ans grâce aux bons offices de l’Union soviétique et des dirigeants palestiniens, MM. Habbache et Hawatmeh, chef du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP).
En prévision du congrès général du parti, M. Habbache, puis M. Hawatmeh tentaient, il y a quatre mois, selon des informations recueillies de sources palestiniennes proches des dirigeants sud-yéménites, une nouvelle médiation en vue de réduire les divergences persistantes entre les trois hommes.

Mais à défaut de sceller leur réconciliation, le congrès qui s’est tenu en octobre dernier a sanctionné un nouveau rapport de forces instable à Aden et le gouvernement qui devait être constitué à l’issue du plénum du parti n’a jamais été annoncé.

Yémen Sud- coup, flt3-dernier : La lutte pour le pouvoir dans le sud Yémen

MM. Ismaïl et Antar, partisans d’une ligne dure hostile à une ouverture vers l’Arabie saoudite et favorables aux dissidents palestiniens anti-Arafat, obtenaient, selon ces mêmes informations, la majorité au sein du conseil central et du Bureau politique du parti, tandis que le Président Ali Nasser Mohamad maintenait son contrôle sur l’appareil d’Etat, étroitement encadré par les Allemands de l’Est et les Soviétiques.

Outre des conseillers, l’URSS dispose de facilités d’escale au port d’Aden, face à Djibouti ainsi que d’ installations militaires à l’Ile de Socotra, en contrepoids aux bases américaines de l’Océan indien, notamment dans l’Ile de Massirah, au Sultanat d’Oman,

Vingt quatre heures après le début de cette nouvelle épreuve de force, Moscou n’avait pas commenté les événements d’Aden, ni non plus d’ailleurs le grand voisin saoudien.

Selon des informations fragmentaires non confirmées, le Président Ali Nasser Mohamad aurait été lui-même blessé dans les combats, qui, selon des sources diplomatiques occidentales à Londres, se poursuivaient mardi.

Outre M. Ismaïl et Antar, deux autres dirigeants sud-yéménites auraient été passés par les armes : Ali Salem Al-Bid, ministre de l’administration locale, et Ali Shabi Hadi, Haut responsable du parti socialiste sud-yéménite.

RN/SK